Ayant accédé au statut de franchise culte des années 80 avec deux films (sortis respectivement en 1984 et 1989), S.O.S Fantôme s’est ensuite longtemps tenu hors des salles obscures. Il aura fallu attendre 2016 pour qu’un retour s’amorce. Mais, loin d’être celui que les fans attendaient, ce dernier s’est attiré les foudres du public. Cela dit, il en fallait plus à Colombia Pictures pour abandonner ses profitables chasseurs de fantômes. C’est ainsi qu’en 2021, un nouvel opus a vu le jour. Et, cette fois-ci, il avait certains arguments pour satisfaire le fan de toujours : le retour des figures cultes du diptyque original.
Un épisode qui était voué à en appeler un autre : SOS Fantômes: La Menace de Glace. Un film, dont la sortie est prévue pour le 10 avril 2024, que nous avons déjà pu visionner. Pour notre plus grande joie ? Loin de là, en lieu et place de ce sentiment, c’est plutôt avec de l’amertume que nous sommes ressortis de la séance. Retour sur une œuvre sans éclat.
Une histoire fantôme
Le simple fait d’appartenir à une licence célèbre limiterait-il les ambitions de la réalisation ? Cette question n’est certainement pas nouvelle, mais, avec ce film, elle ne peut être que d’actualité, car S.O.S Fantômes : La Menace de Glace repose plus que jamais sur ses acquis et exploite ainsi son passé sans la moindre vergogne. Le fan service est donc sa plus grande force, mais aussi sa plus grande faiblesse. En essayant de satisfaire l’amateur, il perd un plus large public, qu’il veut pourtant rallier en exposant (quoique furtivement) sa jeune génération d’acteurs.
Rien n’est fait pour susciter l’intérêt du spectateur ou du moins le poursuivre. Narrativement, c’est atone. Les scènes se suivent sans entrain et l’ennui s’installe. Inévitablement. Elles témoignent même d’une intention absconse de la part du réalisateur. On ne sait où il veut vraiment nous conduire, puisque le film ne semble jamais mener ses idées jusqu’au bout. Il veut raconter les déboires de la jeune Phoebe, qui d’ailleurs est la véritable héroïne du long-métrage, mais il le fait avec grande maladresse. Alors que nous devons ressentir de la sympathie pour elle, ce n’est que l’indifférence qui surgit.
Dans cette nouvelle production hollywoodienne, il y a comme une sorte de superficialité qui pèse sur le film. Une superficialité qui naît avant tout des schémas utilisés, lesquels sont empreints de clichés et de déjà-vu. Tout ce qui est montré a, pour cause, l’odeur de réchauffé. Elle condense tous les éléments qui font de ce film une œuvre que l’on peut aimer si l’on est bon public, mais qui nous dépasse dès lors que l’on est un peu plus exigeant.
Seulement pour les fans ?
En vérité, S.O.S Fantômes : La Menace de Glace fait partie de ce que nous pourrions catégoriser comme le degré zéro du cinéma. Il compte plutôt sur sa capacité à générer un bon divertissement, soit un moment léger et amusant, sans prise de tête. Des caractéristiques que l’on attend forcément d’une telle production. Mais est-il vraiment nécessaire de la dépouiller de toute profondeur ? D’en faire un produit de consommation lisse sans aucune saveur ?
Toujours est-il que même dans cette ambition, il échoue. Premièrement, le grand méchant laisse un peu à désirer. Il n’a pas la splendeur que tout le film cherche à dégager et même à répéter au point de lasser. Ensuite, les effets spéciaux sans être vilains ne sont pas remarquables. Et puis, il y a les personnages. Censés apporter un peu de fraîcheur, ils nous laissent sans réaction. Aucun d’entre eux n’est en effet utilisé à leur pleine mesure. Ils ne font que paraître et disparaître, profitant d’interventions très limitées pour, souvent, ne rien dire ou ne rien faire. Leur présence sert plutôt à véhiculer une certaine touche d’humour.
Dans cet objectif, le protagoniste campé par Paul Rudd en est le fer de lance. Il est, en quelque sorte, le clown de service. Un rôle qu’il ne remplira jamais correctement. Fait qui est notamment remarquable avec les autres acteurs. L’avis est bien entendu subjectif, mais il y a comme l’impression que la plupart d’entre eux (si l’on excepte Dan Aykroyd notamment) ne croient pas réellement à ce qu’ils font et ne bénéficient que d’un temps de présence. Bill Murray, alias le docteur Peter Venkman, est quelque peu symptomatique de cela, ce dernier ne faisant qu’apparaître pour titiller la nostalgie.
Encore un avenir pour l’équipe des Ghostbusters?
Tout ne paraît cependant pas mauvais pour ce SOS Fantômes : La Menace de Glace. Il esquisse des passages intéressants, à l’instar de ceux flirtant avec une ambiance de film d’épouvante. Du reste, les idées (tournant autour du rejet, l’héritage ou encore la famille) ne manquent pas et auraient gagné à être développées. Mais, on le répète, toute prétention sérieuse est directement évacuée, ce qui instille ce rythme lent que l’on ne peut que déplorer, faisant s’enchaîner des scènes sans réel intérêt.
Il ne ressort finalement que de la frustration. Mais, qu’à cela ne tienne, ce n’est pas sur un chef d’œuvre que mise Columbia Pictures, mais sur un produit commercial qui attire suffisamment le client. En cela, il n’y a pas de souci à se faire, le nom de la franchise possède tous les atours nécessaires. Le démarrage américain du film en est la preuve. En un week-end, il a pour cause cumulé quelque 45 millions de dollars de recettes, soit un résultat plus conséquent que les 44 millions (environ) de son prédécesseur.
En France, le film fera-t-il de même ? Nous n’avons plus qu’à attendre la réception que les spectateurs lui réservent. Mais nous ne doutons pas qu’il sera accueilli avec une certaine frénésie. En tout cas, les fans qui répondront présents ne lui reprocheront sans doute pas grand-chose, voyant dans ce qu’on leur sert un florilège d’éléments venus du passé.
Quand certains l’aimeront, d’autres resteront indifférents à cette nouvelle proposition. S.O.S Fantômes : La Menace de Glace est moins un film qu’un produit destiné à plaire à un public déjà bien ancré, lequel est ainsi composé des fans des opus originaux. Il faut donc, a priori, déjà avoir ce capital sympathie pour se laisser séduire. Si tel est le cas, le ton léger et les apparitions (quoique furtives) de figures cultes combleront sans grandes difficultés les attentes des spectateurs.
Quant aux autres, ce nouveau volet les fera inévitablement souffler. Les minutes s’enchaînant n’apporteront que davantage de lourdeurs et de frustration. Car oui, il est frustrant de voir un film, attaché à une gloire d’antan, s’oublier dans le passé de la série et se dépouiller dès lors progressivement des idées qui le rendaient plus intéressant.
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Riku