Nous sommes au début des années 2000, et le marché français s’apprête à rencontrer le nouveau phénomène venu tout droit du Japon. Pokémon et ses monstres de poche dominent, mais dans l’ombre, un sérieux concurrent cherche à prendre sa place. Son nom : Digimon (Dejimon en japonais).
En à peine quelques mois, la franchise imaginée par Akiyoshi Hong devient un véritable succès et inonde tous les fronts : jouets, jeux vidéo, mangas et animes. Cette dernière sera d’ailleurs pointée du doigt pour ses dérives marketing, mais c’est une autre histoire…
Ainsi, bon nombre de têtes blondes (dont l’auteur de ces lignes) feront la connaissance d’Agumon et sa bande principalement par l’intermédiaire de la première saison de la série animée intitulée Digimon Adventure. Suivra une flopée de séries dérivées à la qualité inégale, de jeux vidéo plus ou moins dignes d’intérêt et la saga finira par faiblir, pour ne pas dire disparaître.
Digimon vient de souffler sa vingtième bougie, et Toei a souhaité marquer le coup en revenant aux sources de la saga via un remake de la saison et un long-métrage inédit. Digimon Adventure: Last Evolution Kizuna est le dernier chapitre, la dernière aventure de Taichi Kamiya (communément appelé Tai), héros de la saison originelle.
Retenez également qu’un nouveau jeu vidéo, Digimon Survive, est actuellement en préparation et devrait sortir pour la fin d’année 2020.
Dix ans se sont écoulés depuis les dernières aventures de la troupe dans le digimonde. Devenus jeunes adultes actifs, chaque membre suit sa voie (études, travail), et vit sa vie aux côtés de son Digimon de prédilection. Malgré le temps et la distance, le groupe reste soudé et poursuit sa mission en cas d’attaque de Digimon sauvages dans le monde réel.
Mais d’étranges faits circulent sur l’internet. Il semblerait que plusieurs digisauveurs (enfants ayant été choisis par un Digimon pour protéger le monde réel) soient victimes d’un mal inconnu, les plongeant dans un étrange coma.
En parallèle, on apprend que le lien unissant le Digimon à son élu n’est pas éternel et se brise avec le temps. Le passage à l’âge adulte rompt la connexion établie avec sa créature, la renvoyant dans son monde digital. En d’autres termes, lorsqu’un enfant élu devient adulte, son partenaire Digimon disparaît, une vérité bien difficile à admettre.
Tai comprend alors qu’il lui reste très peu de temps en compagnie d’Agumon. L’heure des adieux est pour bientôt.
Digimon Adventure: Last Evolution Kizuna est une vraie réussite réalisée par et pour les fans, un dernier clin d’œil à une communauté devenue adultes. Malgré les années passées, les goûts changeants et une maturité acquise, la magie opère à merveille.
Déjà, le film bénéficie d’une réalisation de haute volée et d’un remarquable travail de doublage. Une chose est sûre, Toei Animation a sorti le grand jeu. Mais là où Digimon Adventure: Last Evolution Kizuna brille, c’est dans sa justesse d’écriture. En effet, le film brasse des sujets sérieux comme le deuil, le fait inéluctable de grandir ou encore le traumatisme, des sujets difficiles à traiter, mais amenés avec intelligence et bienveillance.
On retiendra également le rythme du film et sa bande-son. Certes, celle-ci ne révolutionne rien, mais accompagne avec perfection chaque scène (mention spéciale à la scène finale épique).
Qualifier Digimon Adventure: Last Evolution Kizuna de film d’animation pour « enfants » serait réducteur (et surtout faux). Le film s’adresse avant tout à l’ensemble de son audience d’antan, ces rêveurs perdus passant leurs matinées dans le digimonde. Il frappe sa cible en plein cœur, nous transformant pendant une durée d’1h40 en grands enfants, prêts à dire adieu, non sans peine, à de vieux amis.
On ne peut que vous encourager à voir le film au cinéma, faites le déplacement, rendez justice à ce bijou dont le contexte actuel lui est défavorable. On vous glisse la liste des cinémas participants.
On a souvent étiqueté Digimon de pâle copie de Pokémon, mais il n’en est rien. Les vrais fans le savent et Digimon Adventure: Last Evolution Kizuna en est la énième preuve.
Adieu mes amis, et merci pour tout.