Mars 2019 a été un mois primordial pour Omaké Books qui a lancé son propre label de manga. De nombreux titres du groupe émergent, tels que Super Basse Def autour d’une aventure 100% pixels, ou plus sanglant et tragique avec Le Perce Neige, série en 2 tomes dont le premier est sorti en juin 2019. Alors qu’il s’agissait d’un titre à la thématique « niche », leur première oeuvre Bip-Bip Boy de Rensuke Oshikiri a connu un très bon démarrage. Tandis que nous pensions que le troisième volume signerait la fin de Bip-Bip Boy, il en est aujourd’hui tout autrement avec le communiqué d’Omaké annonçant la parution d’un volume 4 au Japon. Ce quatrième tome sortira-t-il en France ? Bien évidemment ! En attendant, le tome 3 continue inévitablement sur sa lancée autour du passé enterré de Rensunke Oshikiri, amour, haine, déprime et joie sont au rendez-vous. Découvrez avec nous la critique du tome 3 de Bip-Bip Boy.
Des anecdotes soutenues avec humour
Tout en relevant les flash-back de son enfance, Rensuke Oshikiri fait preuve de minutie en vous plongeant directement au cœur des années ’90 à 2000 au Japon. Durant cette période, le personnage principal surnommé Bip-Bip Boy connaît des phases de transition mouvementées par des déceptions, mais également de belles découvertes que l’auteur n’hésite pas à nous faire partager. Ainsi, certains jeux méconnus du public tels que Chinese Exorcist sorti sur les bornes d’arcade japonaises en 1988 (cela fait un paquet d’années maintenant !) nous sont décrits par l’auteur comme une expérience traumatisante de son enfance. Comparé à ses deux prédécesseurs, le tome 3 de Bip-Bip Boy sert indéniablement de catharsis à l’auteur : écrire c’est une manière pour lui d’exposer les joies mais aussi les peines au cours de son enfance. En s’entraînant intensivement durant ses premières années sur ses consoles, l’auteur consolait ses peines du monde cruel « IRL ». De ces tournois résultent également des déceptions profondes alimentées par la perte : complexé durant son adolescence, l’auteur n’arrivait pas à mettre ses pleines capacités en marche une fois entouré d’autres joueurs dans des salons. Un peu comme le casino dont voici notre avis Jackpots.ch. Des paroles fortes permettent de ressentir cette frustration d’être un « otaku » incompris, tout en voulant bien faire.
Tout en exprimant sa passion des jeux vidéo, l’on sent de profonds remords ancrés dans la volonté qu’a notre Bip-Bip-Boy à s’exercer ailleurs que dans les jeux vidéo : excursions avec ses amis via des rencontres IRL avec des joueurs en ligne, mais tout cela se signe la plupart du temps par un échec souvent rattrapé par une pointe d’humour. Cet humour est certainement la clé qui permet de ne pas tomber dans un écrit trop alimenté de regrets et de déprime. On ne le regrette pas et heureusement qu’il est bien présent pour relever le tout. L’auto-dérision qui est accordée à Rensuke Oshikiri est alors bien dosée, accompagnée par des dessins aux traits exagérés qui créent un rapport texte/image relativement bien dosé.
La critique et notre avis de Bip-Bip Boy Tome 3
Certainement le tome le plus enrichissant autour de la vie de l’auteur, le tome 3 se centrera essentiellement sur le chemin emprunté par Rensuke Oshikiri du jeu vidéo au métier de mangaka. Une célébrité excessive l’ayant également entraîné vers la déprime est évoquée, avec les réels ressentis de l’auteur, rythmés grâce aux dessins. Un souci du détail peut sauter aux yeux du lecteur : lors des allers-retours dans le temps (flash-back, retour à la vie actuelle) le gabarit du personnage de Bip-Bip Boy n’est pas retravaillé de manière à cerner l’âge du personnage, la confusion peut alors être présente, au risque de faire perdre à son lecteur le fil de la lecture et donc de l’obliger à retourner à des pages antérieures pour en comprendre le contexte.
Cependant l’on sourira des phases d’essais « IRL » où Bip-Bip-Boy n’hésitera pas à se jeter à l’eau, embarqué dans sa ville natale à bord d’un bateau gonflable. Une manière alors de décrocher de sa vie d’otaku, plongé dans le noir, dans sa chambre autour de son « tas de pixels ». Le manga cadence entre deux temps : une phase dépressive « Good bye Bip-Bip Boy » autour de déceptions, d’incompréhensions et d’incertitudes pour laisser place à des tests durant lesquels l’auteur souhaitait sortir de sa coquille pour y découvrir le monde.
Notre avis ?
Même si l’on commençait à être habitué au thème de l’amour et de la romance depuis le tome 1, les déceptions amoureuses ne se sont pas arrêtées pour Rensuke Oshikiri qui pensait enfin comprendre le concept de l’amour vrai. L’auteur a certainement dénoncé ses années les plus sombres grâce à l’écriture et au dessin, une manière pour lui d’ouvrir son cœur à ses lecteurs. L’on aura clairement apprécié dans cette lecture les révélations concernant son parcours de mangaka autour du scandale de l’atteinte à la propriété intellectuelle de « High Score Girl », premier succès de l’auteur, une manière d’entrer dans les sentiments les plus intimes de Rensuke Oshikiri. Que restera-t-il à raconter dans le tome 4 de Bip-Bip Boy après un aussi excellent tome 3, complet et bouleversant ?
- Bip-Bip Boy de Rensuke Onikiri – Tome 3
- 140 pages – 7€50 par volume
- Édité par Omaké Manga, disponible depuis juillet 2019. [Site Officiel]