À quelques mois de sa sortie fixée au 12 octobre prochain, Assassin’s Creed Mirage commence petit à petit à se dévoiler. Vendu par Ubisoft comme un véritable retour aux sources de la saga, le successeur de Valhalla n’aura pas vraiment le droit à l’erreur. Le studio vit une période compliquée, marquée par de nombreux projets annulés et accompagnée de tristes affaires internes, et Assassin’s Creed a jusqu’à présent toujours fait office de phare guidant le navire malgré une mer plus qu’agitée.
Yves Guillemot, patron d’Ubisoft, a décrété récemment un état d’urgence, appelant ses troupes à redoubler d’efforts et d’inventivité pour ramener l’entreprise sur le droit chemin. Et cette rédemption passera sans doute par Assassin’s Creed Mirage. Dans une interview, Fabian Salomon, producteur principal sur le titre, a donné plus de détails. Si nous savions déjà que Mirage se démarquerait grandement de ses prédécesseurs les plus proches dans le temps, Valhalla, Origins et Odyssey du point de vue du gameplay, il faudrait également s’attendre à passer beaucoup moins de temps sur le nouveau titre du développeur français.
Le tour du jeu pourra être fait en une trentaine d’heures, grand maximum, et encore moins si vous décidez de ne vous concentrer que sur la quête principale. Après les quasi cent cinquante heures passées avec les vikings en compagnie d’Eivor, ou en Égypte avec Bayek, avouons que le changement de cap est impressionnant. Mais passée la surprise de cette annonce, qui pourra décevoir les fans des derniers opus, il est temps de se replonger dans le passé d’Assassin’s Creed, et de se rappeler que la saga a toujours su se renouveler. Peut-être pas à chaque épisode, ce qui a pu lui être reproché à juste titre, mais par cycles. Et Valhalla semble marquer la fin d’un de ces cycles.
Fini les mondes semi-ouverts gigantesques, les paysages à perte de vue et les centaines de quêtes annexes, parfois jusqu’à l’overdose. Mirage marquera le retour à une carte plus humaine, basée sur un environnement urbain, en nous faisant découvrir le Bagdad du IXe siècle. On devrait retrouver le plaisir des balades sur les toits, de l’infiltration au milieu de la population, et des assassinats mûrement réfléchis, que la franchise avait plus ou moins mis de côté récemment, avec un virage RPG assumé.
Ubisoft semble vouloir revenir à une accessibilité dont la saga s’était éloignée le temps d’une trilogie. Non pas que les derniers jeux aient été d’une difficulté démesurée, loin de là, mais leur importante durée de vie en faisait logiquement des jeux exigeants pour les joueurs, ne serait-ce qu’en termes de temps à donner. S’il nous est impossible de remettre en cause la qualité des derniers opus, tant visuellement que dans l’immensité de leurs contenus, nous sommes heureux du retour d’un Assassin’s Creed que l’on peut terminer comme on peut terminer un Uncharted, sans se prendre la tête, en quelques semaines au maximum. Et la comparaison est loin d’être péjorative.
La trilogie précédente a été appréciée, voire adulée par certains. Il était temps de passer à autre chose. Au milieu des Zelda, Starfield, Skyrim et leur centaine d’heures de jeu, il est aussi important de proposer aux joueurs de bons jeux d’aventure abordables en termes de durée de vie. À vouloir mettre de l’épique et du grandiloquent partout, les joueurs s’y habituent. Et un joueur habitué, c’est un joueur qui n’est pas surpris.
Trop d’articles ont qualifié de « courte » la durée de vie du futur Assassin’s Creed. Non, trente heures, ce n’est pas court, mais certains studios ont placé le curseur tellement haut en termes de durée de vie que cela peut parfois faire perdre le sens des réalités. Nombreux sont les jeux de moins de cinq heures qui sont de véritables chefs-d’œuvre. Trente heures, cela laisse largement le temps de découvrir des nombreux secrets, d’ouvrir grands les yeux des centaines de fois, et de passer par de très nombreuses émotions, de la joie d’échapper aux patrouilles sur les toits de Bagdad à l’adrénaline de se retrouver posté juste au-dessus d’une cible potentielle. Et c’est sans doute ce que souhaite Ubisoft. Un émerveillement plus immédiat, plus brut, et de l’éveil permanent. Un plaisir de jouer plus simple en quelque sorte, mais qui peut faire mouche… à condition que le jeu soit réussi, bien sûr.
On ne peut que féliciter la démarche d’Ubisoft pour ce Assassin’s Creed Mirage. Quel que soit le résultat final, le studio aura pris soin d’écouter les demandes de ses fans, pour revenir aux bases du succès, et se donner la chance d’aller chercher un nouveau public. La saga a une force, c’est que les jeux peuvent être joués individuellement, dans un ordre quasi aléatoire, sans entraver la compréhension. Si Mirage est bon, ce qu’on ne peut que souhaiter au studio, il emmènera avec lui ses fans les plus jeunes à la découverte du reste de la saga. Rendez-vous le 12 octobre pour découvrir les aventures de Basim, aux origines du crédo des assassins.