Ubisoft peine à se relever des déboires de septembre dernier. Alors que l’action en bourse du studio est au plus bas depuis dix ans, Tencent y voit une opportunité pour prendre plus d’importance dans sa direction. Suite à l’accueil mitigé de Star Wars Outlaws et l’annonce du retard d’Assassin’s Creed Shadows, les dirigeants envisagent plusieurs solutions pour redresser la barre.
La solution qui serait la plus probable serait une acquisition du studio par Tencent, sans pour autant réduire le contrôle d’Yves Guillemot, président et co-fondateur du studio avec son frère Michel Guillemot, sur les actions prises. Dès le début des discussions en octobre dernier, Tencent semblait être le partenaire pour cette tâche ardue : possédant déjà 10% de l’entreprise, et prêt à entamer des discussions.
Quelques mois plus tard, la situation serait plus compliquée que prévue. D’après un rapport publié par Reuters vendredi dernier, les actionnaires seraient en train de structurer cette acquisition, mais c’est encore loin d’être décidé. Tencent, au coeur de la discussion, hésite : le géant chinois souhaiterait profiter de la situation pour avoir un réel pouvoir décisionnaire sur les choix du studio.
Dans le même temps, c’est un moment délicat. Si la transition n’est pas suffisamment préparée, d’autres investisseurs pourraient se jeter sur Ubisoft et en faire l’acquisition avant que les négociations avec Tencent n’aboutissent.
En tant que joueurs, ces enjeux peuvent nous paraitre lointains. Pourtant, lorsque nous parlons de jeux à gros budget, ils ont une part non-négligeable dans les choix effectués par les studios. Les investisseurs, les actionnaires : ce sont souvent les acteurs qui sont mentionnés lorsqu’on parle des jeux à gros budgets, les acteurs que l’on pointe du doigt lorsque les choses vont mal.
La situation, compliquée, d’Ubisoft rappelle bien la manière dont les studios doivent jongler avec un équilibre précaire. De notre point de vue de joueurs, les choix incriminés dans la chute de l’action d’Ubisoft, la sortie d’un Star Wars Outlaws imparfait et un retard du prochain opus d’Assassin’s Creed n’avaient pas été si négatifs.
Il est fort probable que ces deux événements n’aient été que des déclencheurs, les difficultés actuellement rencontrées par Ubisoft en bourse pourraient être en réalité la traduction d’une fatigue générale au sujet du studio. Tant du côté des joueurs, qui voient le studio prendre des décisions de plus en plus contradictoires de plus en plus rapidement, que du côté des développeurs, déjà en grève en octobre dernier.
Face à un Ubisoft fragilisé, Tencent est vu comme une solution potentielle. En donnant les clés au géant chinois, et quittant les marchés boursiers, les dirigeants du studio trouveraient l’espace nécessaire pour reprendre en main le calendrier, les sorties, et, peut-être, montrer un nouveau visage. La sortie des marchés financiers ne sera cependant pas la réponse à tous les maux du studio.
Il est clair que prendre des décisions dans l’objectif de satisfaire des actionnaires est un boulet considérable pour Ubisoft, ou pour n’importe quel studio voire industrie. L’aversion au risque, à la nouveauté est le maître-mot général des investisseurs, qui s’inquiètent plus du retour dans leur porte-monnaie que du rendu final une fois le jeu inséré dans la console.
En tous les cas, la situation n’est pas débloquée. Yves Guillemot semble bien décidé à tenir la barre de son navire, quelque chose que les investisseurs doivent considérer dans la manière dont sera structurée la sortie d’Ubisoft du marché. Beaucoup de choses reposent sur les négociations avec Tencent, qui semble avoir pas mal d’idées derrière la tête quant à l’avenir du studio : pas sûr que ce rachat rende l’indépendance tant espérée par les joueurs. Tencent est loin d’être une solution providentielle…
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