Il est regrettable qu’un grand jeu puisse passer aux oubliettes à cause d’une console aux ventes catastrophiques. C’est pourquoi le remastering est parfois une démarche salutaire pour les bonnes idées abandonnées des dieux et nécessaire pour les jeux vertueux qui n’ont pas été épargnés par les circonstances. Financé de manière participative, The Wonderful 101: Remastered sera-t-il donc à la hauteur de l’engouement des fans ?
La Wii U s’est littéralement plantée, en dépit des exclusivités dont Nintendo nous régale habituellement. Toutefois, tels les restes de la semaine entre les mains d’une mamie cordon bleu, lesdites exclusivités ont été retravaillés avec talent pour sortir sur la Nintendo Switch, et reçoivent enfin le succès commercial qu’elles méritent.
Et peut s’ajouter désormais à la liste comportant quelques Captain Toad et Donkey Kong: Tropical Freeze l’excellent The Wonderful 101: Remastered. Car oui, le jeu est bon, le jeu est beau, et le scouter du plaisir a clairement dépassé les 9000. En même temps, pouvait-il en être autrement de la part de PlatinumGames, l’un des meilleurs studios japonais ?
(Test de The Wonderful 101: Remastered effectué sur Nintendo Switch via une version fournie par l’éditeur)
Wonder-gameplay !
Il n’y a pas grand-chose à dire sur l’histoire, qui n’est au final qu’une excuse pour avancer dans un pastiche des meilleurs délires de Power Rangers de ces dernières décennies, avec pour ennemis des extraterrestres aux acronymes à en faire pâlir le service public français (les fameux GEATHJERK). Mais pas de panique, Les Wonderful 100, une équipe d’élite de 100 héros tout en slips et collants, s’unissent pour faire face à la menace venue d’ailleurs. Enfin, on a dit 100… Mais c’est sans compter les divers civils que vous pourrez sauver et qui vous aideront à coller des mandales aux envahisseurs.
Chaque Wonder est spécialisé dans un type d’attaque, et c’est à vous d’utiliser chaque compétence selon vos besoins. À première vue, on constate que le jeu transpire le Pikmin, mais il ne faudra pas longtemps pour reconnaître la patte de Platinum via notamment des petites notes de hack and slash, ce qui aboutit à un cocktail unique qui plaira à la fois aux initiés et aux nouveaux venus du genre. Comptez aussi sur ce remaster pour vous surprendre de bout en bout.
En effet, chaque fois que vous serez persuadé d’avoir fait le tour du jeu, un nouveau personnage débarquera avec son lot de compétences, et remettra en question une partie de votre manière de jouer. Un gameplay évolutif, qui, s’il peut sembler redondant en surface, ouvre en réalité la porte à un grand nombre de possibilités.
Wonder-portage !
C’est peut-être le passage le moins wonderful de ce test, car si le portage est honnête et s’adapte bien à la nouvelle technologie proposée par la Nintendo Switch, il est en revanche bien radin sur le nouveau contenu. Alors oui, il y a ici deux écoles, celle de ceux qui seront heureux de pouvoir trimballer l’intégrale du rayon slip en latex de Carrefour sur eux, et l’école des « ouais, mais on rachète quand même le jeu une deuxième fois, là ».
Votre rédacteur d’amour a tendance à cirer les bancs de la seconde, surtout dans le cas d’un jeu financé en partie par les joueurs eux-mêmes. Néanmoins, le fait de faire partie du roster malheureux de la Wii U excuse un peu le manque d’ambition ressenti lors du test de The Wonderful 101: Remastered, puisqu’il y a certainement plus de joueurs qui découvriront que l’inverse.
S’il y a cependant un pan du jeu que l’on ne peut excuser, c’est la caméra. Aidée à l’origine par une gestion via l’écran de la Wii U, il est clair que cette partie aura été le caillou dans la Stan Smith des développeurs. Le résultat parle de lui-même, pas catastrophique, mais parfois un peu énervant. Heureusement, la maniabilité, elle, a été transposée avec brio, et ce n’était pas gagné d’avance. En bref, le plaisir est là, et c’est l’essentiel.
Au vu des éléments ci-dessus, nous conseillons donc avant tout le jeu à ceux n’ayant pas acheté la version Wii U. Nous craignons un peu que les quelques hurluberlus possédant la console flop de Nintendo soient un peu déçus du manque de nouveauté, et d’une maniabilité certes excellente, mais en deçà de ce que l’on pouvait ressentir avec la Wii U, surtout si vous avez gardé vos vieux réflexes !
The Wonderful 101: Remastered est pour notre part plus qu’un remaster de qualité, il est une nouvelle opportunité pour un jeu méconnu du grand public de connaître le succès commercial qu’il mérite. Accessible aux nouveaux venus du genre, le jeu contient suffisamment de profondeur et de variété pour vous donner envie de le maîtriser à 100%, grâce notamment à une rejouabilité plus qu’excellente. Parfaitement jouable malgré l’absence du second écran (même si parfois, ce dernier nous manque), The Wonderful 101: Remastered est une nouvelle preuve du génie de Hideki Kamiya et de ses équipes.
On ne le recommande pas forcément à ceux l’ayant acheté à l’époque, cependant, pour les autres, il s’agit là de la parfaite excuse pour poncer jusqu’à l’os un titre qui, on l’espère, vous fera découvrir l’univers riche du studio de PlatinumGames.