Quelques semaines après sa sortie sur Nintendo Switch, Star Overdrive se lance à l’assaut de la Playstation 5, des Xbox Series et de Steam, avec une sortie prévue le 19 juin prochain. L’histoire a tout pour être belle: celle d’un petit studio italien indépendant, Caracal Games, et de sa douzaine d’employés, se lançant à corps perdu dans le difficile pari du jeu d’aventure en open-world. Mais belle, elle ne pourra l’être que si la qualité est au rendez-vous.
Et si nous nous garderons de trop en dévoiler d’entrée de jeu, sachez que Star Overdrive a bien des arguments à faire valoir. Mais également son gros lot de défauts, toutefois loin d’être rédhibitoires pour passer un bon moment. Allez, on monte sur notre hoverboard, et on vous embarque pour notre test.
(Test de Star Overdrive réalisé sur Playstation 5, à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Retour vers le futur
Le point de départ de Star Overdrive, c’est un mystérieux appel de détresse reçu dans l’espace. Mais qui peut bien être celle qui demande expressément l’aide de BIOS, jeune garçon aux commandes d’une petite navette spatiale, et surtout, pourquoi a-t-elle disparu ? Pour le savoir, une seule solution, atterrir sur la planète Cebete dans la peau de BIOS pour en percer les nombreux mystères.
Vous en conviendrez, pour l’originalité du scénario, on repassera. Le coup de la jeune fille disparue, difficile de faire plus cliché. Mais finalement, l’essentiel est ailleurs. Car dès l’atterrissage, force est de constater que le charme opère. Sans être magnifique, la direction artistique séduit par son originalité et est un véritable appel à l’exploration. Des dunes à perte de vue, qui vont rapidement devenir un terrain de jeu parfait pour BIOS et son hoverboard.
Et rapidement, la planche devient la star du jeu, un personnage à part entière de l’aventure, customizable et développable, et insufflant un souffle épique à la quête de BIOS. Un point éloigné sur la carte ? Pas de soucis, tant le plaisir de surfer sur les vagues et d’enchainer les tricks à la manière d’un jeu de skate-board est grisant, sans être difficile à maîtriser. Heureusement, car aucun système de téléportation n’est proposé, et à pied, le jeune homme est d’une telle lenteur qu’il faudrait des heures pour rejoindre certaines zones.
De découvertes en découvertes, la quête de BIOS va prendre une ampleur non imaginée à la base, entrainant notre héros jusqu’aux entrailles de la planète. Tous les marqueurs du jeu d’action-aventure en monde ouvert sont présents. Des donjons, des boss, des quêtes annexes, des nouveaux pouvoirs à débloquer, un arbre de compétence, tout y passe, parfois même jusqu’à la caricature, comme si les développeurs avaient parfois eu du mal à s’écarter des grandes oeuvres qui les ont inspirés. Et ce n’est que le début.
Le souffle de la liberté
On le sait, l’un des principaux challenges inhérents à la création de jeux en monde ouvert, c’est d’arriver à donner une sensation de liberté au joueur. Et sur ce point, Star Overdrive est une réussite totale. C’est bien simple, tous les points visibles sont accessibles, et seules les limites extérieures du monde pourront entraver votre progression. Mais attention, accessible ne signifie pas pour autant facile d’accès. Si l’histoire principale épargne plutôt les joueurs, sortir des sentiers battus à la découverte des divers points d’interêt de la planète n’est pas un mince challenge et demandera un parfait usage des pouvoir de BIOS et de son hoverboard.
Et que dire de la bande son, elle aussi l’une des grosses réussites du titre ? Sur Cebete, chaque combat et chaque course contre la montre se font en musique, sur de gros riffs de guitare et une petite dose d’électro. C’est hyper efficace, et même si cela peut vite s’avérer très répétitif, attendez-vous à fredonner certains thèmes bien après la fin de votre partie.
On sera même un peu plus mesquin, en allant jusqu’à dire que la bande-son permet notamment de masquer par l’ambiance la rigidité et la grande répétitivité des combats. Quel dommage d’avoir réussi une telle masterclass au niveau de la fluidité des scènes de glisse et des combos pour un résultat aussi saccadé et terne quand viennent les affrontements avec les différentes créatures qui peuplent Cebete.
Le bestiaire n’est d’ailleurs que trop peu développé, et on se retrouve rapidement à enchainer les tricks pour traverses des zones, qui, aussi jolies soient-elles, s’avèrent rapidement très vides et répétitives. C’était l’un des écueils à éviter, et le studio est tombé dedans à pieds joints.
À vouloir trop surfer sur la vague…
L’aventure avançant, et les capacités de notre hoverboard se développant, de nouveaux types de quêtes font leur apparition. Et là, malgré un plaisir de jeu toujours aussi présent, force est de constater que Star Overdrive a petit à petit commencé à nous laisser sur notre faim.
Si le titre fourmille de bonnes idées, notamment au niveau de sa direction artistique, il devient rapidement un amoncellement de mécaniques déjà exploitées et de clins d’œil très (trop ?) appuyés à d’autres oeuvres. À aucun moment déplaisants, mais il y avait tellement mieux à faire en se démarquant plutôt qu’en cherchant à assurer.
Toujours est-il, qu’entre le hoverboard à la Retour vers le Futur, les donjons, les pouvoirs et même certaines animations directement inspirés de l’univers de Zelda, jusqu’aux vers des sables clairement sortis de l’imaginaire de Franck Herbert, on s’est parfois sentis submergés. Et c’est sans compter sur les tours à escalader pour dévoiler la carte de l’environnement proche et les quête associées. Il ne manquait plus que le saut de l’aigle.
Alors, réel manque de prise de risques et d’imagination, ou jeu hommage aux oeuvres qui ont inspiré les membres du studio ? Difficile à dire, mais quoiqu’il en soit, le sentiment de liberté s’est petit à petit effrité, victime de la comparaison avec ses glorieux modèles.
Durant la vingtaine d’heure que nous a demandé l’aventure de BIOS (durée qui aurait pu être encore augmentée si nous avions fait toutes les quêtes annexes), notre plaisir de jeu n’est jamais redescendu. Mais bizarrement, au moment de la conclusion, difficile toutefois de savoir que réellement penser de Star Overdrive.
Passée la surprise des premières heures, l’aventure perd en intensité, la faute à des mécaniques déjà vues et revues. Malgré tout, pour un premier jeu d’importance, le studio Caracal Games a quand même réussi une vraie performance, celui de proposer un jeu en monde ouvert cohérent et fun, notamment grâce à ses impressionnantes sensations de vitesse et de glisse en hoverboard. Suffisant pour se créer une vraie audience ? Rien n’est moins sûr, tant la concurrence est rude et tant le titre souffre de défauts, et au final d’un vrai manque de personnalité.