Saga tentaculaire au scénario et aux enjeux encore jamais égalés, Metal Gear Solid est, à juste titre, un pilier du média que nous aimons tant. Chaque épisode fut une révolution en soi et la saga arriva à son point culminant en 2004 avec Metal Gear Solid 3: Snake Eater. Magnifiant le gameplay et le game design des deux premiers épisodes, ce troisième épisode est encore aujourd’hui le magnum opus d’Hideo Kojima.
Officiellement annoncé en 2023, et faisant suite à l’échec commercial et critique de Metal Gear Survive, Metal Gear Solid Delta: Snake Eater est enfin arrivé. Le remake du chef-d’œuvre de 2004 a une double mission : faire connaître aux néophytes la mythique saga et redonner espoir aux joueurs en l’avenir. Alors, retour réussi pour l’espion au carton ? A-t-il gardé sa superbe de l’époque ?
(Test de Metal Gear Solid Delta: Snake Eater sur PS5 réalisé via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Metal Gear ?
En 1964, Naked Snake, agent de l’unité FOX, est envoyé derrière le rideau de fer pour mettre la main sur Nikolai Sokolov, un scientifique soviétique ayant inventé une arme au potentiel tactique et destructeur sans limite : le Metal Gear Shagohod. Aidé dans sa mission par l’unité FOX et une alliée insaisissable nommée Eva, Snake devra affronter son ancienne mentor, The Boss, et son unité renégate la Cobra Unit. Désormais alliée aux soviétiques et au puissant Volgin, The Boss va tenter d’empêcher Snake de mener sa mission à bien.
Premier point à aborder, Metal Gear Solid Delta: Snake Eater ne change strictement rien à la ligne directrice de son aîné. Les dialogues, l’histoire, les péripéties, tout est resté exactement comme à l’époque, excepté bien sûr sa réalisation et sa mise en scène qui a ont eu le droit à un bon coup de lifting sous Unreal Ungine 5. Le jeu est beau, c’est indéniable, les efforts déployés par Konami et Virtuos permettent d’offrir une seconde jeunesse à un titre qui commençait à accuser le poids des années.
Dans les jungles d’URSS, tout est tangible, présent : le vent soulève les feuilles, les brindilles tombent des arbres et virevoltent avant de toucher le sol. Snake emporte la poussière et la terre avec lui lorsqu’il se jette face contre terre, la boue se colle à son uniforme et se colle à sa peau lorsqu’il sort d’un étang. Les rayons du soleil traversent les branches et la lumière se reflète sur l’eau. Grâce à l’Unreal Engine 5, nous sommes véritablement aux côtés de Snake, l’immersion est totale et les gimmicks cinématographiques chers à Kojima transparaissent à chaque image.
À mi-chemin entre remake et remaster
Bien que Metal Gear Solid Delta: Snake Eater soit vendu comme étant un remake de Metal Gear Solid 3, nous avons plus eu l’impression d’être face à un remaster (de haute facture) que devant un remake. Lorgnant plus proche du travail effectué sur un Dead Space Remake que sur un Resident Evil 4 ou un Silent Hill 2, les nouveautés proposées sont à l’image de son nouveau moteur graphique : redoutable d’efficacité mais sans complètement bouleverser la recette.
Au lancement de votre partie, vous aurez le choix : jouer en style légendaire ou en nouveau style. Le premier est celui que vous avez connu il y a plus de 20 ans : caméra aérienne et vue à la première personne lors des affrontements. Le nouveau style adopte une vue à la troisième personne et une caméra dans le dos du personnage, un peu à la manière de The Phantom Pain mais en conservant une certaine rigidité.
De ce fait, les affrontements et les parties de cache-cache avec les gardes sont des plus satisfaisants. Vous avez toujours le choix entre rentrer dans le tas, tuer sans être vu ou passer au nez et à la barbe de n’importe quel ennemi. La boucle de gameplay action, infiltration et tactique est conservée et modernisée, et il est trop rare de voir aujourd’hui un jeu réussir à coupler tous ces éléments. Preuve que Snake Eater est toujours un maître étalon en la matière.
Un héritage (des Philosophes) conservé
Toutefois, il subsiste dans ce Metal Gear Solid Delta, quelques artefacts des limitations techniques de l’époque. Les passages entre les différentes zones du jeu sont toujours accompagnés d’un écran noir qui peut, comme en 2004, casser le rythme de notre partie. Rien de bien handicapant, mais à trop vouloir respecter le matériel original, les quelques défauts sont toujours là.
De même que certains effets de mise en scène dans les cinématiques qui pourraient aujourd’hui passer pour des effets kitchs ou clichés (les cascades improbables d’Eva à moto ou les tours de pistoleros d’Ocelot), mais une fois de plus ce Delta est le témoin d’une époque et changer ces différentes séquences l’aurait profondément dénaturer.
Konami et Virtuos ne se contentent pas de livrer une copie lissée et adaptée pour un public plus moderne, ils sont conscients de l’héritage et de sa portée symbolique. Metal Gear Solid est, au même titre que Lara Croft ou Mario, une institution du jeu vidéo. C’est là tout le paradoxe de ce Delta. En prenant le risque d’apporter le juste soupçon de nouveauté sans remanier la formule, les développeurs auraient pu tomber dans le piège du remaster/remake ronflant tout juste correct. En conservant tout l’ADN de Snake Eater et en révisant complètement sa partie graphique, Konami et Virtuos ont réussi l’impensable : donner une seconde jeunesse à un titre qui de prime abord, n’en avait pas forcément besoin.
Metal Gear Solid Delta: Snake Eater valait-il toute cette attente ? La réponse est simple : oui ! Metal Gear Solid 3: Snake Eater est et restera l’un des plus grands jeux vidéo jamais réalisés et cette version ne fait que magnifier ce monument. En proposant une version sublimée des premières aventures chronologiques de Naked Snake/Big Boss, Konami et Virtuos rendent un hommage sincère à l’œuvre d’Hideo Kojima.
Familiers ou non avec l’univers Metal Gear, connaisseurs de l’original ou simple curieux de l’arrivée de ce Metal Gear Solid Delta, vous vous devez de découvrir ce monument qui confirme son statut de classique intemporel. Un chef-d’œuvre, ni plus, ni moins.