Plus de quatre ans après la sortie de Guacamelee!, les Canadiens de chez Drinkbox Studio remettent le couvert avec une suite non prévue à l’origine. Il faut dire que le premier épisode a rencontré un vif succès (bien mérité) avec son univers complètement déjanté et son humour ravageur. Difficile de ne pas se laisser tenter par un second opus, surtout que la recette employée est des plus réussies.
Toutefois, même le plus excellent des guacamoles peut devenir indigeste dans l’excès, même le plus délicieux des burritos peut devenir bourratif au point d’en être malade si on en mange trop, même le plus… bon, vous l’avez ? Guacamelee! 2 esquive-t-il tous les pièges traditionnels d’une suite ? Tentons d’élucider cette bien belle question avec notre test de Guacamelee! 2 sur PlayStation 4.
Mon masque, ma vie
Pas facile la vie de héros au Mexique. Après avoir sauvé le monde une première fois des griffes de Calaca, notre luchador préféré doit de nouveau enfiler son masque pour affronter un mal encore plus terrible. Guacamelee! 2 reprend exactement à la fin du premier opus (avec un petit rappel des événements passés fort bien amené) pour nous conter une histoire encore plus loufoque et bancale. L’action prend place sept ans après, Juan Aguacate a eu le temps de fonder sa famille et de prendre du bide. Mais le mal gronde, la paix et le glandage sur le canapé touchent à leur fin. Le Mexivers (dimensions de tous les univers) est en péril ! Un sombre luchador tente d’acquérir le pouvoir ultime du guacamole sacré pour dominer l’ensemble des dimensions. Oui, le guacamole sacré.
Guacamelee! 2 est doté d’un humour prodigieux. Chaque ligne de dialogue, chaque situation est propice à une vanne absurde engendrant simple sourire ou gros fou-rire, un vrai régal. Du guacamole, des piñatas à outrance, des luchadors au torse bombé, pas de doute, Guacamelee! 2 commence fort. Le délire est accompagné d’une bande-son survitaminée au rythme typiquement mexicain, une musique qui ne gâche en rien la fête, bien au contraire.
Guacamelee! 2 reprend exactement les mécaniques de gameplay de son aîné. Il s’agit ni plus ni moins d’un metroidvania déjanté où il faudra se frayer un chemin à coup de combo et de prises de catch. Plus on avance dans le jeu, plus on débloque des compétences spéciales qui permettront d’ouvrir d’autres passages pour se frayer un chemin vers le boss final. Hormis quelques coups spéciaux en plus et la possibilité d’améliorer ses capacités avec de l’or, Guacamelee! 2 n’apporte rien de nouveau à se mettre sous la dent. Absolument rien. Punch du haut pour briser les blocs rouge, punch de côté pour briser les bleus, tout est repris à la lettre au point d’avoir un désagréable sentiment de déjà-vu (ou plutôt de déjà-joué).
Là où le jeu diffère un peu, c’est sur ses phases de plateforme parfois hardcore où il faut s’armer de patience et d’habilité pour en venir à bout. Mais alors, Guacamelee! 2 est-il voué à n’être qu’une simple copie de son épisode initial ? Pas tout à fait, une étrange créature à plume le sauve de peu…
Petit poulet, grande responsabilité
Le délire atteint son paroxysme avec le poulet (jamais de notre vie, on aurait pensé rédiger cette phrase). Jouer un petit poulet doté de capacités propres est plus que fendart. Surtout que l’univers du poulet est superbement bien travaillé dans le jeu, au point qu’un culte du poulet du Mexivers existe. Il est possible de se métamorphoser en poulet avec un simple bouton ce qui donne un gameplay fluide et agréable dans la prise en main. Un petit passage où il faut se faufiler ? Pas de problème, monsieur poulet est là.
Comme pour la forme humaine (du luchador donc), le poulet peut débloquer des capacités avec de l’or, lui octroyant des bonus de combo ou de dégâts. Le poulet dynamise le jeu mais ne suffit pas à effacer cette dure sensation de copie. Et c’est là où Guacamelee! 2 déçoit grandement, il se contente de copier le premier opus sans rien amener de frais. Alors oui, il y a des nouveaux coups, de nouvelles améliorations mais ça ne suffit pas, vraiment pas.
Comme son genre l’indique, Guacamelee! 2 insiste beaucoup sur l’exploration. Il faudra fouiller chaque niveau pour trouver pièce d’or et amélioration de vie ou d’endurance. Revenir sur ses pas avec ses nouveaux coups permet de débloquer des chemins auparavant inaccessibles. Outre les bonus pour votre personnage, l’exploration vous donne également accès à des quêtes optionnelles complètement perchées. Guacamelee! 2 fait des clins d’œil à bon nombre de licences connues du jeu vidéo : God of War, Fortnite, Street Fighter ou encore Severed, leur ancien jeu (jouez donc à Severed !). Il faut ouvrir les yeux pour dénicher toutes ces références intelligentes.
Autre aspect jugé poussif : la durée de vie. Guacamelee! 2 est long, trop long, surtout si vous vous amusez à faire toutes les quêtes secondaires, qui vont vous demander de faire la carte de fond en comble. Comptez environ 10h de jeu pour tout faire, une durée trop allongée pour son format. Un mode difficile est débloqué à la fin du jeu pour une rejouabilité bienvenue chez les plus téméraires.
Si vous avez aimé Guacamelee!, foncez sur le second opus sans une once d’hésitation. La recette est identique, certes moins efficace car connue et digérée, mais toujours aussi réussie dans son ensemble. Univers loufoque, humour omniprésent, clins d’œil intelligents à foison, tout y est pour rendre le titre fendart et sympathique. Néanmoins, on regrette grandement le manque de nouveautés, essentiellement côté gameplay. Guacamelee! 2 n’apporte strictement rien de nouveau. Pire, il ne prend aucun risque et nous sert par moments du réchauffé. Même le mode coopération jusqu’à quatre joueurs ne parvient pas à effacer ce dur sentiment de déjà-vu.
Guacamelee! 2 n’échappe malheureusement pas à tous les pièges d’une suite, mais le titre est préservé par son originalité encore valable, sa fraîcheur (le Mexique aux milles couleurs) et son humour décapant. Un cocktail qui le sauve une fois mais pas deux.