Il semblerait que tous les types de jeux ne soient pas égaux face aux lois régissant les droits d’auteurs : c’est ce qu’a appris à ses dépends Shinoda Yoshibu à la suite de son passage au tribunal de Sendai. Le vidéaste mettait en ligne des passages du Visual Novel Steins;Gate: My Darling’s Embrace sur YouTube. Condamné à une amende de plus de 6 000 dollars et à deux ans de prison avec sursis, Shinoda Yoshibu était notamment poursuivi pour avoir publié des extraits de la fin du jeu. Il s’agit là de la première fois qu’au Japon, une condamnation pour violation des lois liées aux droits d’auteur et de copie a lieue pour une vidéo liée à du jeu vidéo.
L’éditeur explique les raisons de la poursuite lors du procès : puisque Steins;Gate est un Visual Novel, la diffusion d’extraits du jeu, d’autant plus la fin de celui-ci, représente un réel manque à gagner pour l’entreprise. Une première, qui est alors justifiée par la forme du jeu : le Visual Novel est un genre exclusivement narratif. Il se présente sous la forme d’un roman interactif, et le joueur a un impact plus ou moins concret sur le récit selon les titres. Dans ce cadre, voir sa conclusion partagée sur les réseaux peut complètement tuer l’intérêt du public.
Les enjeux qui sont ici négociés sont très spécifiques à ce type de jeu : on ne saurait dire qu’une vidéo de partie d’un shooter ou même d’un RPG offre à la personne regardant la vidéo une expérience similaire à celle de découvrir le jeu par elle-même.
Le journal Asahi, qui a rapporté l’affaire, s’est également tourné vers un avocat pour étudier l’affaire : il compare l’affaire de Shinoda Yoshibu à celle du duo derrière l’émission Fast Eiga, qui était connu pour produire des résumés de films sur YouTube, plutôt qu’à d’autres affaires concernant le médium vidéoludique.
Le duo avait alors fait l’objet d’une lourde condamnation l’année dernière, de plus de trois millions de dollars. Cette condamnation avait été décidée à la suite d’un calcul précis du préjudice porté aux ayants droit. Cependant, de nombreux commentaires dans des revues spécialisées mentionnaient que la condamnation avait surtout valeur d’exemple.
Les vidéos de Fast Eiga, très populaires, profitaient d’un rayonnement important et avaient développé leur propre sous-genre. Ainsi, la condamnation aurait surtout pour objectif de décourager d’autres créateurs de produire des vidéos similaires. L’affaire avait été particulièrement médiatisée, et son impact sur le YouTube cinéma japonais s’en est d’autant plus ressenti.
Nul doute que MAGES, l’éditeur de Steins;Gate: My Darling’s Embrace a une visée similaire dans sa poursuite de Yoshida. Le Japon ne dispose pas de doctrine aussi large que le Fair Use américain, souvent cité lorsqu’il est question de droit d’auteur sur YouTube. Cependant, cela n’empêche pas que la majorité des limites concrètes sont délimitées par de la jurisprudence.
Dans ce cas, il n’est pas si surprenant que le titre concerné par la condamnation soit si peu remarquable : s’il a profité d’un succès critique et commercial en 2011, il est difficile de considérer le titre comme particulièrement marquant. Il s’efface derrière le jeu d’origine et sa suite, Steins;Gate Zero.
Steins;Gate: My Darling’s Embrace reste cependant une entrée au contenu efficace, qui réussit à offrir un scénario cohérent avec le texte d’origine, tout en s’adressant à une niche précise, celle des amateurs de jeux de lecture centrés sur la romance. Il n’a jamais fait l’objet d’un rejet de la part de MAGES, qui l’a réédité sur PS4 et Switch à travers le monde en 2019.
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