Après que le streaming a mangé le marché de la vidéo (Netflix, Prime Video…), puis celui de la musique (Spotify, Deezer…), il allait faire du jeu vidéo son prochain en-cas. C’était sûr, c’est le sens de l’histoire. Microsoft clame déjà partout qu’il ne prête plus tant d’attention que cela au nombre de consoles qu’il vend, se concentrant sur les abonnements au Game Pass.
Sauf que le sens de l’histoire aurait peut-être percuté une réalité qui, justement, se dirigeait en sens inverse. C’est le journal économique américain Forbes qui l’écrit : « Subsciption Growth Has Flattened », la courbe de croissance des abonnements s’est aplatie. Il tire ses informations d’abord du fait que Microsoft n’a pas donné de chiffres depuis janvier 2022, ce qui, pour le journal, est un signe que les résultats ne vont pas dans le bon sens, mais aussi de Mat Piscatella, ex Activision et Warner Bros. Games, aujourd’hui analyste pour NPD, qui déclare dans un tweet :
« La courbe de croissance des abonnements s’est aplatie, et les services par abonnement sur consoles et PC ne représentent que 10% des dépenses totales en jeux vidéo aux États-Unis. Je comprends que certaines personnes veulent protéger leur modèle préféré, mais l’idée que les abonnements vont devenir dominants ne correspond pas aux données chiffrées ». Il ajoute dans un commentaire : « Les abonnements sont venus s’ajouter au système plus qu’il ne l’ont pas cannibalisé, offrant aux joueurs, aux développeurs et aux éditeurs plus de choix quant à la façon de jouer ou d’arriver sur le marché. »
La plupart des possesseurs de Switch ont au moins une autre plateforme de jeu, la console de Nintendo ne vient donc jamais en concurrence des PC, Xbox et PlayStation, mais en plus de ces derniers. Ce serait la même chose pour le Game Pass, qui ne remplacerait pas la distribution traditionnelle de jeux, mais viendrait en complément.
Une description qui colle complètement au service de Sony : le PS Plus. Si le catalogue n’est pas à ignorer complètement (avec, par exemple, la possibilité de s’essayer day one à Foamstars, le Battle Royale très Splatoon-like de Square Enix), il est clair qu’il ne suffira pas en tant que tel aux joueurs, qui passeraient à côté des vrais arguments de la console : FF VII Remake, God of War Ragnarök ou Horizon Forbidden West).
Plus étonnamment, c’est aussi la réalité du Game Pass, ainsi que le montre la carrière commerciale de Starfield. On aurait pu penser que puisque le jeu est accessible via un abonnement autour de 10€, cela allait être le mode d’accès au jeu privilégié des joueurs. Pourquoi dépenser 60 ou 70€ dans un jeu solo, qu’on remiserait une fois l’aventure terminée ? Pourtant, comme le note l’article de Forbes, le jeu a très bien fonctionné sur Steam.
C’est probablement une excellente nouvelle pour les joueurs : plus de choix quant à la manière de jouer, sans menacer tel ou tel modèle qui ont les préférences de tel ou tel joueur. Cela pose cependant la question de la pérennité d’un service comme le Game Pass, qui réclame des investissements massifs pour continuer à alimenter son catalogue en jeux AAA et en sorties « day one ». Si le nombre d’abonnés a déjà atteint son pic, Microsoft ne doit-il pas considérer que l’expérience est finalement un échec, et l’abandonner ?
À moins qu’il ne s’agisse de forcer un peu plus la main aux joueurs, en rendant ses titres exclusifs au Game Pass. Et si Starfield n’avait pas été distribué sur Steam, mais sur le Game Pass uniquement ? Certes, certains joueurs auraient décidé de tout simplement ne pas y jouer. Mais dans quelle proportion ?
Un jeu comme Indiana Jones aura-t-il une aura suffisante pour tenter cette expérience ? N’oublions pas aussi que le catalogue Activision-Blizzard est désormais aux mains de Microsoft, offrant au constructeur américain un panel de possibilités pour s’attirer à lui de nouveaux joueurs : on peut imaginer que l’abonnement nécessaire pour jouer à World of Warcraft soit désormais inclus avec un abonnement Game Pass Ultimate, que les jeux en ligne comme WoW ou Diablo offrent des bonus aux abonnés Game Pass…
Mais surtout, avec Xbox Everywhere (sans console, directement via une appli dans les télé connectées, les téléphones, et les PC même d’entrée de gamme, grâce au Cloud Gaming), il est probable qu’à moyen ou long terme, Microsoft vise des marchés émergents, comme le Brésil, l’Inde, ou certains pays africains, où les consoles restent difficiles d’accès, et la réserve de joueurs potentiels se compte en centaines de millions…
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