Epic Games ne fait pas l’unanimité. Au contraire, il commence même à avoir des ennuis judiciaires pour ses célèbres danses.
Fortnite vend depuis des lustres des emotes correspondant à des pas de danse. En échange de V-Bucks, certaines comme le Backpack Kid sont devenues très célèbres chez les 10-15 ans. Forcément cela ne plaît pas à tout le monde, d’autant plus que toutes ses emotes sont inspirées voire copiées de pas réels.
Le plagiat, c’est bien ce que va devoir prouver la justice. En effet, deux danseurs, 2 milly et Alfonso Ribeiro ont porté plainte contre la société Epic Game pour vol de danse. 2 milly à l’origine du Milly pack n’est pas forcément connu dans nos contrées. Alfonso Ribeiro par contre, même si ce nom ne vous dit pas grand chose n’est rien d’autre que le fameux Carlton du prince de Bel Air. Dans les années 90, il a fait fureur avec son pas de danse, la Carlton danse. Ces deux mouvements sont à l’origine du litige.
Leurs accusations portent sur la monétisation de ces danses et l’absence de royalties versées. En effet, les emotes de danse ne datent pas d’hier et sont présentes dans bon nombre de jeux multijoueurs, devenant mêmes source de moquerie et de parodie.
Jusque-là, elles étaient un petit bonus accordé aux joueurs pour faire passer le temps. Fortnite est le premier à les proposer contre de l’argent, et surtout à rencontrer un tel succès. C’est même devenu un élément du jeu à part entière puisqu’il existe des concours de danse In Real Life, et des danses de joueurs originales qui finissent par être intégrées au jeu lui même.
L’autre raison de la colère est le fait d’en avoir changé le nom et donc de se l’être indirectement approprié en gommant totalement son origine. Nul doute que le succès de Fortnite n’y est pas pour rien dans cette action. Cela montre un réel problème de société qui va au delà du domaine vidéo-ludique : Les joueurs reproduisent dans la vraie vie des danses dites « danses de Fortnite« , copiées de danses réelles, plutôt que de s’intéresser au matériau d’origine, mettant totalement de côté la potentielle reconnaissance des artistes eux-mêmes.
Là où le bât blesse, c’est que les danses dans les jeux vidéo ne sont pas soumises aux copyrights comme peuvent l’être une musique par exemple. Néanmoins, ce n’est pas parce que la loi n’existe pas qu’il ne peut pas y avoir jurisprudence et donc un exemple à venir.
Si Fortnite était condamné, le titre serait obligé de retirer les emotes de son jeu (ou de payer ses créateurs). Nul doute alors qu’une fois la brèche ouverte, d’autres s’y engouffreront et que nous verrons arriver toutes sortes d’actions en justice pour d’autres jeux avec d’autres modèles économiques.
Car après tout, League of Legends, par exemple, ne commercialise pas les danses mais commercialise des personnages qui ont chacun leur danse propre. La différence n’est-elle pas assez minime finalement ? En tout cas, voyons déjà comment se terminera cet épisode judiciaire. Et voyons si cela chamboulera la petite bulle confortable dont bénéficiait le jeu vidéo dans l’intrépide monde du droit de la propriété intellectuelle.