Le week-end des 12/13 octobre 2019, la tournée de concerts Distant Worlds: Music From Final Fantasy s’immisçait dans les villes de Lyon et Toulouse, avec comme invité d’honneur le grand Masashi Hamauzu, compositeur entre autres des jeux Final Fantasy X/XIII et SaGa Frontier II. Mais ce n’était pas les seules occasions de pouvoir croiser le maître en France, puisque ce dernier se produisait aussi à la Cité des arts de Paris la semaine suivante, le jeudi 17 octobre, pour une unique représentation à laquelle nous avons pu assister, et que nous n’oublierons pas de sitôt.
Le concert intimiste dont rêvent tous les fans du travail de Masashi Hamauzu
C’est donc le jeudi 17 octobre à 20h00 que le rendez-vous était pris pour assister au concert. Débarqué tout juste 2 heures avant la représentation, en provenance de Agde dans le sud de la France, on peut dire que la chance était de notre côté, la grève SNCF n’ayant pas encore pointé le bout de son nez. Aucun souci à l’horizon, timing serré mais parfaitement maîtrisé, nous permettant, Drakyng et moi-même, d’arriver 20 bonnes minutes avant l’ouverture des portes de l’auditorium de la Cité internationale des arts de Paris.
On s’engouffre alors dans le bâtiment jusqu’à l’entrée de la salle, petit coin merchandising permettant d’acquérir albums et autres goodies, et c’est dans ce genre de moments qu’il faut faire preuve d’une force mentale hors normes, cette fameuse force dont nous n’avions malheureusement pas fait preuve lors du Final Fantasy XIV Fan Festival. Mais en bon joueur de die and retry que nous sommes, nous savons apprendre de nos erreurs, et avons rapidement passé notre chemin pour aller nous installer confortablement dans les fauteuils matelassés de l’auditorium.
Il faut savoir que le concert que nous nous apprêtions à voir avait un petit quelque chose de spécial. Nous ne le savions pas encore mais Imeruat, le groupe de Masashi Hamauzu, s’était produit en France en 2011 puis 2012, mais n’avait pas eu le plaisir de fouler à nouveau le sol français depuis lors. 2011 était par ailleurs l’année suivant la création du groupe, mais aussi l’année de création de Wayô Records, permettant au studio de fêter en 2019, 8 années d’existence, ainsi que 8 années de collaboration avec Imeruat. Autant dire que pour l’équipe cet événement avait une saveur très particulière, comme nous le confiait Jonathan Khersis, le gérant du studio.
Nous voici donc confortablement installés, le concert démarre et c’est Benyamin Nuss (pianiste) qui ouvre les hostilités, seul devant son piano. Ce jeune artiste d’origine allemande, nous avions déjà pu le voir au Final Fantasy XIV Fan Festival, et nous étions donc déjà au fait de son talent. Cependant, assister à un concert dans une immense salle ou dans un tout petit auditorium, se trouve être deux expériences totalement différentes, quand bien même la prestation serait identique. La puissance du piano, l’intensité du jeu, le caractère intimiste de la salle, tout rendait les choses beaucoup plus émotionnelles.
Et en parlant d’émotion justement, nous avons été servis. Benyamin tout d’abord, avec la candeur qui le caractérise si bien, et Mina, la chanteuse d’Imeruat, de laquelle se dégageait une grande sensibilité, et dont l’anglais parfois un peu approximatif ne faisait qu’accentuer cette impression. Nous avons capturé en vidéo un petit extrait du concert, avec non pas Benyamin au piano, mais Masashi Hamauzu, un moment qui nous a justement offert beaucoup d’émotions. Vous pouvez d’ailleurs y découvrir Lisa Schumann au violon, et Fernando Nina au violoncelle.
Avec Masashi Hamauzu vous vous en doutez, nous avons eu droit à des morceaux de son registre vidéoludique, mais aussi à des compositions de son registre personnel, ainsi que tirés du répertoire du groupe Imeruat. Les titres se sont donc enchaînés 2 heures durant entrecoupées d’un petit entracte, nous faisant passer par tous les états, et nous proposant aussi bien de la haute technicité musicale, que des moments plus décontractés, faisant même participer les spectateurs lors d’un exercice de gymnastique musical illustré par la vidéo ci-dessous. Imaginez donc 120 personnes se lever de leur fauteuil pour pratiquer cet exercice : un moment vraiment unique.
Mais outre l’émotion palpable dont nous avons parlé, comme nous le disions, nous avons aussi été totalement impressionnés par les qualités techniques des musiciens. Et c’est en live, si proche de l’action que l’on se rend vraiment compte de la difficulté de certains morceaux. Nous avons notamment redécouvert un titre tiré de Final Fantasy XIII, intitulé Blinded by Light, et qui réarrangé pour une composition piano/violon/violoncelle donne un résultat juste impressionnant. Pour vous donner un aperçu, voici ce que cela peut donner :
Cela a aussi été l’occasion de découvrir davantage le groupe Imeruat dont nous avions écouté quelques titres dans les semaines précédant le concert, et si l’on est fan de l’OST de Final Fantasy XIII, il n’y a pas à dire, on reconnait immédiatement la touche Masashi Hamauzu. Il y a ce côté éthéré et onirique dans les nappes de synthé qui donne aux morceaux une atmosphère très particulière. Durant le concert, ils ont notamment joué TeNiOE, Giant, le délicieux Pororororororo, ou encore Battaki, une chanson traditionnelle aïnou. D’ailleurs pour les fans de manga, et plus précisément de Golden Kamui, nous avons découvert après quelques recherches, que le nom du groupe Imeruat signifiait « foudre » dans la langue aïnou, qui se trouve être le dialecte que l’on retrouve dans Golden Kamui. Une petite anecdote qui nous fait apprécier d’autant plus cette chanson.
Comme vous devez vous en doutez, dans ce genre de moment, le temps file à une vitesse folle, et c’est finalement trop tôt que nous nous sommes retrouvés debout à applaudir la fin de la représentation, ce qui nous a permis cependant de constater à quel point les spectateurs avaient apprécié le concert. Mais nous avons eu le plaisir de nous voir offrir un dernier morceau avant que ces deux heures hors du temps ne s’achèvent. Le titre en question s’intitule Missgestalt, il est tiré du jeu SaGA Frontier II et s’est avéré absolument parfait pour clôturer le concert, en nous proposant une gifle technique, délivrée par un Benyamin Nuss impressionnant de maîtrise derrière son piano, donnant tout ce qui restait au fond de lui. On vous laisse vous délecter de ce dernier morceau, comme cela a pu l’être pour nous lors de cette soirée.
La conclusion d’après concert était simple, nous venions de vivre un moment absolument magique, le genre de moments qui arrivent rarement, mais qu’il faut apprécier au maximum lorsqu’ils se produisent. Mais la fin du concert ne signifiait pas pour autant fin de la soirée. Car comme cela avait été annoncé, « à tarif unique (24,90€), avantages uniques ». Forts heureux d’avoir reçu en cadeau deux albums composés par Masashi Hamauzu lors de notre arrivée, nous allions à présent pouvoir participer à la séance de dédicace, nous offrant de chaleureuses poignées de main, et un magnifique souvenir à ajouter à notre collection.
Cependant, c’est là que tout à basculé… Autant nous pouvions résister à l’appel du marchandising en arrivant, surtout en se voyant offrir deux albums compris dans le prix de la place, autant après la prestation à laquelle nous venions d’assister, il n’était plus possible de dire non. Impossible de tout prendre bien entendu, mais Benyamin Nuss nous a tant impressionnés sur son dernier morceau que nous avons craqué sous le poids de l’intensité avec laquelle il martelait les touches de son piano.
Comme nous le disait Jonathan Khersis, la musique de jeu vidéo en France « c’est compliqué » et c’est vrai que si l’on regarde un peu autour de nous en Europe par exemple, il y a une culture musicale du jeu vidéo qui y est un peu plus prononcée. Nous espérons justement qu’avec nos articles traitant d’OST, ou en attirant votre attention sur ce genre d’événements, cela participera au moins un petit peu à mettre en avant que la musique de jeu vidéo est elle aussi d’une grande richesse, et faisant intervenir de talentueux artistes.
Merci à Wayô Records pour ce fantastique concert venant ponctuer 8 années de travail visant à établir « un pont culturel musical entre le Japon et l’Europe », en espérant qu’il y en aura d’autres à l’avenir.