À quelques semaines à peine de la sortie de la PS5 et de la Xbox Series X, nous souhaitions revenir sur le lancement de différentes consoles de ces trente dernières années, afin de mettre en perspective les enjeux qui se joueront prochainement, et puis, soyons honnêtes, nous offrir une bonne bouchée de madeleine de Proust.
- SNES/Megadrive
C’est LE face-à-face culte du début des années 90, Nintendo contre SEGA, Mario contre Sonic, Blur contre Oasis… Pardonnez, on s’égare un peu ! Bref, une époque où l’on pouvait clairement parler de guerre des consoles tant la communication des deux constructeurs se résumait à dézinguer l’autre à grands coups de pubs remplies de coupes mulet et de télés qui explosent.
Une période durant laquelle SEGA prendra l’initiative en lançant sa cultissime Megadrive qui représentait une innovation technologique monstre pour l’époque, en amenant (grosso modo) la qualité arcade dans vos maisons. Une console qui débarquera en 90 avec les deux poids lourds que sont Golden Axe et Altered Beast, symboles de la domination des beat’em up dans le paysage JV de l’époque. Ajoutez à cela une politique de prix ultra agressive ainsi que l’arrivée d’un certain Sonic quelque temps plus tard, et vous avez en main toutes les raisons du succès de la console qui s’écoulera à presque 40 millions d’unités.
Un score que la SNES de Nintendo, sortie deux ans après, parviendra à rattraper puis dépasser, non sans mal, en totalisant 50 millions de consoles écoulées. Un véritable succès pour la firme qui, pour la première fois de son histoire, aura fait face à une véritable concurrence.
Néanmoins, Nintendo, voyant le danger pointer le bout de ses pompes rouges et blanches, décidera de mettre le paquet d’entrée de jeu en communiquant sur la puissance de sa console sur laquelle tournait un certain F-Zéro présent dès la sortie, et qui éblouira pas mal de gosses de 13 ans de l’époque. Un premier uppercut technique asséné à son vis-à-vis très vite rejoint par un crochet du nom de Super Mario World, qui sera le jeu phare de cette génération et disponible lui aussi dès la sortie de la console.
- Nintendo 64/PS1
Avançons maintenant jusqu’à l’an de grâce 1994, année durant laquelle un moustachu et un hérisson se tirent la bourre sur des consoles 16 bits, aveugles face à la révolution vidéoludique que prépare Sony dans son coin. Avec la toute première console proposant des jeux en 3D, la PlayStation première du nom impose sa patte dans l’histoire du jeu vidéo, et fait entrer Sony dans un marché qu’il n’aura de cesse de dominer. N’en déplaise à Nintendo, qui aura refusé de collaborer avec Sony sur cette toute nouvelle machine.
Armée de jeux tels que WipEout ou Battle Arena Toshinden qui détonneront face à tout ce que proposera la concurrence de l’époque, la PlayStation et ses 300€ s’installeront dans plus de 100 millions de foyers du monde entier, mettant l’intégralité de ses opposants dans l’embarras. Une console iconique, qui sera l’une des toutes premières à proposer le format CD, bien plus permissif en termes de stockage qu’une cartouche de l’époque.
Un carton dont Nintendo fera les frais, avec les quelques 35 millions de N64 vendues à travers le monde. Pourtant, la console avait tout pour réussir, à commencer par une puissance deux fois plus importantes que la PS1, mais aussi grâce à la présence du mètre-étalon du jeu 3D de l’époque, le fameux Super Mario 64, qui met parfaitement en valeur le premier joystick présent sur console de salon.
Néanmoins, et malgré quelques titres parmi les plus iconiques toutes époques confondues, la dernière-née de Big N ne restera rien de plus qu’un semi-échec commercial, la faute à un prix de lancement bradé (200€) nécessaire face à la baisse du prix de la PS1 alors en pleine bourre. De plus, sur le sol français, la console souffrira de nombreux retards au lancement, poussant les grandes enseignes à se fournir en Italie, ou en Allemagne.
- PS2/GameCube/Xbox/Dreamcast
La PS2 est la preuve irréfutable de l’aptitude qu’a Sony de sentir le marché, en permettant à cette toute nouvelle machine de lire des DVD, faisant de la console le lecteur le moins cher sur le marché. Deux merveilles technologiques pour le prix d’une donc, qui coûteront tout de même la bagatelle de 2990 francs, soit 450€. Une somme conséquente, mais qui n’empêchera pas la PS2 de devenir la reine des consoles en termes d’unités vendues (158 millions, s’cusez du peu), et ce malgré un line-up de départ pas fou-fou, en dépit du premier Time Splitters, ou d’un certain Tekken Tag Tournament.
Un succès qui doit sa réussite à un positionnement plus que réussi auprès d’une audience de plus en plus adepte de jeux matures, et à l’abondance de ces derniers, dont beaucoup figurent aujourd’hui au panthéon du JV.
La GameCube, de son côté, arrivera presque deux ans après sa concurrente déjà bien installée dans les foyers, ce qui explique en partie le raté commercial que sera la console avec seulement 21 millions d’unités vendues. Néanmoins, cette console au prix riquiqui (249€) aura eu le mérite de prendre quelques risques, en zappant volontairement l’iconique Mario absent lors du lancement, coiffé au poteau par le tout premier jeu de son frangin tout vert, Luigi’s Mansion. Une période compliquée pour la firme japonaise, qui plus que jamais doit compter sur ses licences maison pour garder la tête hors de l’eau.
Une situation dont la Xbox, première console de Microsoft, est en (légère) partie responsable. Oui, rappelez-vous, c’est à cette époque que le constructeur s’est lancé dans le rachat de gros studios qui marchent à l’aide du porte-monnaie fabuleusement élastique de Bill Gates. C’est donc après un retourné acrobatique tout en dollars que le géant américain fera l’acquisition de Rare, privant Nintendo de son comparse préféré d’alors.
Une console qui n’échappera toutefois pas au gadin commercial avec ses 24 millions d’unités vendues, malgré la présence du tout premier Halo au lancement. Un brin dommage, dira-t-on, tant la console s’est montrée innovante par la présence d’un disque dur interne qui évitait l’achat régulier de cartes mémoires, ou par le lancement du Xbox Live, annonçant les prémices du jeu en ligne sur consoles.
Côté SEGA, la Dreamcast représente un peu la console de la dernière chance, et ses quelques 9 millions de ventes enterreront définitivement les ambitions du constructeur nippon. C’est un peu dommage, surtout lorsque l’on se rappelle de son lancement réellement canon avec un argument défiant toute concurrence, celui de proposer un Internet illimité à une époque où la connexion était facturée (une blinde) à la minute.
- Wii
Il s’agit d’une console tellement à part que l’on s’est dit qu’elle méritait une partie à elle seule. La Wii, best-seller de chez Nintendo, s’est écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires, faisant d’elle la console de salon la plus vendue par la firme japonaise. Un succès phénoménal d’entrée de jeu résultant du changement de cible opéré par Big N, qui laissera dorénavant les gamers à la concurrence pour se concentrer sur les familles, et les personnes ne jouant pas vraiment aux jeux vidéo.
Un choix audacieux qui se traduit par une console designée différemment et misant sur une expérience tout à fait inédite, l’écartant dès lors de la concurrence. Une volonté de s’affranchir du marché parfaitement résumé par le nom de la console « Wii » à la sonorité proche du « We » anglais (« nous » en français) signifiant que la console est destinée à tous.
Portée par la figure de proue qu’était Wii Sport, la console lancée à 249€ pièce en Europe sera très rapidement en rupture de stock… Plusieurs fois ! Comme en France, où il faudra parfois attendre plus d’un an avant de pouvoir secouer des Wiimotes dans son salon. Bien entendu, le portage du dernier-né de la licence Zelda n’aidera pas à calmer les ardeurs d’une console qui brisera tous les records, et qui démocratisera le jeu vidéo auprès du plus grand nombre.
- PS3/Xbox 360
Bien loin des agités de la manette présents chez Nintendo, Sony et Microsoft s’apprêtent à livrer leur premier véritable bras de fer sur le marché des consoles. Un concours de qui aura la plus grosse aux allures toriyamesques se dessine alors, chacune se vantant d’être la console la plus puissante du marché. Un combat qui n’aura pas de vainqueur puisque les deux consoles se vendront à environ 85 millions d’unités chacune.
Ainsi, on retrouvera d’un côté une PlayStation 3 qui, fidèle à la politique multi-média de Sony, sera capable de lire les tout nouveaux Blu-Ray, et dont les ruptures de stock précoces feront la richesse de certaines personnes peu scrupuleuses qui écouleront des consoles à un prix pouvant atteindre les 3000€. Un succès incroyable donc, surtout compte tenu du peu d’exclusivités de la console au lancement avec comme « seul » argument le tout premier des Resistance qui se sera écoulé à 2 millions d’exemplaires. Et pourtant, il faut l’admettre, Sony est quand même passé pas loin de la cata’ avec un prix de lancement à 600€.
C’est tout aussi peu glorieux côté Microsoft, qui aura cependant le mérite d’avoir sorti sa Xbox 360 un an avant la concurrence, marquant l’entrée du jeu vidéo dans l’ère de la haute définition. De plus, le constructeur est alors le tout premier à effectuer une sortie mondiale pour sa console, là où il fallait parfois attendre jusqu’à 1 an pour poser les mains sur une console déjà proposée au Japon ou au U.S.A. Et ce coup-ci, c’est sur Rare que la firme comptera, en sortant les deux titres porteurs qu’ont été Kameo et Perfect Dark.
Aujourd’hui, nous n’assistons donc qu’au deuxième face-à-face simultané de Microsoft et Sony, avec un choc prévu pour novembre et dont les résultats risquent d’être déterminants sur le cycle de vie de ces nouvelles machines.