La fin est proche. Le terrible serpent des mondes est sur le point d’engloutir le royaume de Rotendia. Il ne tient qu’à vous de l’en empêcher en déjouant le mal ancestral qui gronde en ces terres. Toute l’histoire d’Omensight se déroule en une unique journée, la dernière avant l’apocalypse. Seulement, vous allez la vivre plusieurs fois et de différentes manières. Chaque rencontre, chaque décision, chaque révélation vous feront revivre ce jour fatidique d’un autre angle.
Après le sympathique mais perfectible Stories: The Path of Destinies, les Canadiens de chez Spearhead Studio nous livrent Omensight, un conte au fond banal mais à la forme originale. Approchez-vous un peu plus qu’on vous raconte tout ça depuis le début.
Un jour sans fin
D’entrée de jeu, Omensight brille par son univers enchanteur doté d’une direction artistique anthropomorphique (prêter d’attribut physique à des animaux) de haute volée. Le chara-design est une pure réussite et perfectionne celui débuté avec le premier jeu Stories. Spearhead Studio a clairement un penchant pour les animaux guerriers et excelle dans cet art. Malheureusement, la magie est de courte durée. Sans crier gare, nous voilà propulsés via une brève introduction dans un monde aussi complexe que brouillon. En une poignée de minutes, on nous balance un tas d’informations scénaristiques censé nous planter le contexte mais c’est bien la confusion qui règne. On ne sait pas trop ce qui se passe ni qui est qui dans ce chaos.
Omensight se brûle les ailes en souhaitant installer un vaste univers en si peu de temps, un projet trop ambitieux qui prend le joueur de court dès le début. Pour vous faire simple, le royaume de Rotendia est en proie à une guerre opposant deux factions. C’est alors que la prêtresse sans dieu se fait soudainement assassiner faisant apparaître le maudit serpent avaleur des mondes. Ce dernier engloutit le royaume, et c’est la fin. Enfin, pas tout à fait, les dieux envoient de justesse la messagère, céleste élue ayant pour mission de sauver Rotendia. La messagère devra alors enquêter sur la sombre coalition derrière l’assassinat et empêcher la totale annihilation.
Comme mentionné fugacement en introduction, Omensight joue pleinement la carte de l’originalité dans son déroulement de scénario. En effet, l’héroïne suit les derniers instants de plusieurs personnages afin de changer le cours du temps. Chaque personnage voit et vit les choses différemment, ce qui amène des niveaux variés, ou plutôt différents déroulements de niveaux, car ces derniers sont d’une base identique d’une vision à une autre. Encore une fois, seule la forme diffère.
Une fois la journée terminée avec un des compagnons, la fin éclate, le serpent monde apparaît et le monde s’éteint, relançant au passage un cycle que l’on doit recommencer mais avec un autre personnage. Autre élément perturbateur, au cours de sa mission, la messagère apprend des révélations appelées Omensight, ces révélations changent également le cours des événements, ce qui rajoute une couche supplémentaire à notre histoire. Car les personnages que l’on suit n’agiront pas de la mème manière si on les informe en amont. Les mécaniques scénaristiques sont clairement une réussite, bien qu’un peu confuses. Dès trois parties terminées, une redondance s’installe, expliquée par une lenteur trop prononcée et un gameplay bien trop pauvre.
Vous avez un message
Si la direction artistique est clairement l’atout d’Omensight, son gameplay est sa plus grande faiblesse. Ce dernier est trop pauvre et limité pour pleinement convaincre, ajoutez à ce constat une bonne dose de redondance et un bestiaire quasiment inexistant (deux ou trois ennemis), et vous avez une bien belle déception. Il n’y a aucune évolution notable entre les critiques énoncées sur Stories et Omensight, on retrouve strictement les mêmes défauts. N’avez-vous rien appris de ces dernières années messieurs les développeurs ?
On se contente de suivre un chemin tout tracé, avec des trésors parsemés ici et là et plus ou moins cachés, avec un procédé identique du début à la fin. On suit une route, on rentre dans une salle, on combat puis s’ensuit une scène de dialogue, puis rebelote pour une phase de promenade. Omensight tente bien de cacher la misère en ajoutant quelques phases de plate-formes et d’exploration mais rien n’y fait.
Notez tout de même que les affrontements vous donnent de l’expérience qui vous permet de débloquer des nouvelles attaques et diverses améliorations, mais le jeu est tellement facile (même en difficulté élevée) qu’on se demande très vite à quoi bon continuer. Dans ce flot de déception, il reste une bonne surprise qui sauve un peu la donne : la bande-son. Celle-ci, bien que sous-représentée, est des plus agréable et vous accompagnera tout du long, accentuant comme il faut l’aventure.
Omensight avait tout pour séduire, à commencer par sa direction artistique aux petits oignons. Toutefois, le jeu ne parvient pas à convaincre plus de dix minutes, la faute à une ambition trop grande et à un gameplay trop pauvre. C’est fort dommage, il y avait pourtant une originalité plus que bienvenue. On tourne vite la page et on attend sagement le prochain conte, en espérant qu’il soit complet et maîtrisé, celui-là.