Cadence of Hyrule, sous-titré Crypt of the NecroDancer, est un Rogue-like indépendant dont l’existence même révèle l’amorce d’un changement de mentalité au sein de Nintendo. Il y a quelques années, il ne nous serait même pas venu à l’esprit d’imaginer Nintendo laisser l’une de ses licences à un studio (indépendant de surcroît) pour en plus, l’adapter à sa sauce, sans la moindre compromission.
Le studio en question c’est Brace Yourself Game, très connu par les amateurs de jeux indépendants pour leur titre Crypt of the NecroDancer justement. Croisement entre jeu de rythme et Rogue-like, il a su séduire par son gameplay atypique. Son annonce nous avait laissé sur le cul, mais il est temps de nous remettre sur pieds, afin de danser au rythme des plus belles compositions de Koji Kondo, retravaillées pour l’occasion par le talentueux Danny Baranowsky (Super Meat Boy entre autres).
(Test de Cadence of Hyrule réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Let’s dance !
Si nous nous attentions à démarrer avec Link ou Zelda comme les trailers pouvaient nous le laisser penser, c’est tout d’abord en compagnie de Cadence, l’héroïne de Crypt of the NecroDancer que nous avons fait nos armes et passé les premières phases de tutoriel inhérentes aux jeux actuels. Mais la jolie blonde laisse rapidement sa place, cette dernière n’étant finalement là que comme un petit clin d’œil aux fans du jeu original.
Nous nous réveillons alors dans la peau de Link ou Zelda, cela dépendra du choix de départ que vous aurez fait, sachant que si vous choisissez Zelda, la difficulté sera tout de suite un peu plus relevée. En effet la princesse commençant dans un endroit de la map plus hostile que celle de notre Hylien préféré, il faudra bien vous accrocher dès le départ. Mais quoi qu’il en soit, dans les deux cas de figure vous débarquerez en Hyrule la bave aux lèvres, à peine sorti d’un long sommeil, afin de sauver encore une fois ce monde, en proie aux activités malsaines d’un certain Octavio.
Ce vil personnage vous mettra à l’épreuve durant toute l’aventure, et pour le vaincre, vous devrez vaincre quantité d’ennemis à la recherche des 4 instruments de la destinée. Vous vous en doutez, comme dans tout bon Rogue-like qui se respecte, vous allez devoir vous équiper petit à petit, et vaincre 4 boss précis, qui vous offriront chacun un instrument au moment de rendre leur dernier souffle.
On n’est pas sur un scénario révolutionnaire, pas même réellement ambitieux, mais gardez en tête que ce n’est absolument pas le but. Si vous avez suivi Cadence of Hyrule de loin sans trop vous renseigner et que vous vous attendiez à un épisode pure souche avec son nouveau scénario et sa part de révélation, vous serez surement un peu déçu.
Cependant, là où vous ne serez pas déçu, c’est au niveau du respect absolument parfait de l’univers en ce qui concerne de la direction artistique, dont le résultat est absolument à tomber. C’était en effet un des éléments qui devaient être respectés à la lettre, Nintendo souhaitait que l’univers soit retranscrit suivant leurs design, ce qui est parfaitement logique, même si vous le verrez, cela n’a absolument pas empêché le studio d’y apposer sa patte graphique.
Il en va de même pour les compositions, vous retrouverez bien entendu tous les grands thèmes de la saga The Legend of Zelda, réarrangés avec soin, mais surtout avec énormément de talent. Après des heures passées sur le jeu, notre plus grand souhait serait qu’ils sortent l’OST complète en CD pour que nous puissions nous repasser certains morceaux, sur lesquels le style et la prise de risque forcent totalement le respect.
La puissance du rythme
Qui dit crossover, dit partage équitable des différents aspects émanant des deux univers, afin que le mélange donne un résultat le plus cohérent et agréable possible. Dans Cadence of Hyrule, nous avons vu que de The Legend of Zelda sont repris les différents designs, les personnages, les musiques, et plus simplement la légende autour de la Triforce. Mais ce n’est pas tout, car si Crypt of the NecroDancer était un Rogue-like très cloisonné, ce n’est pas du tout le cas de Cadence of Hyrule, qui hérite d’un monde beaucoup plus ouvert, à la façon d’un Zelda classique dont le credo à toujours été le voyage et l’aventure. Vous retrouverez néanmoins des donjons, notamment ceux renfermant les big boss du jeu, ce qui vous rappellera alors le titre original, pour peu que vous y ayez joué.
Comme nous l’avons dit en introduction, nous sommes face à un jeu de rythme qui vous demandera de vous déplacer sur un tempo bien précis qui sera dicté par la musique de la zone où vous vous trouvez. Cela pourra être plus ou moins lent de sorte que vous deviez constamment vous réadapter, et que le jeu ne devienne pas trop simple et monotone sur la durée. Ici pas de bouton pour attaquer, c’est lorsque vous arrivez au contact de l’ennemi que votre personnage utilisera son arme pour le frapper. Chaque ennemi battu successivement en respectant le rythme vous donnera un bonus de dégât que vous perdrez alors automatiquement si vous manquez le tempo ou si vous vous faites toucher. Pas si simple au départ, car il vous faudra réfléchir tout en maintenant le rythme, le jeu devient vite addictif et l’évolution du personnage est parfaitement dosée pour une sensation de montée en puissance saisissante.
Après, autant dire que chaque ennemi va avoir ses propres actions, et qu’il ne faudra pas foncer bêtement vers eux sans avoir pris le temps d’analyser leurs déplacements. Au départ les monstres à affronter seront faibles et sans défense, mais vous allez rapidement vous retrouver contre des boucliers, du poison, etc. Cela vous obligera donc à user d’un minimum de stratégie, et à bien choisir votre équipement en fonction de l’opposition qui vous fera face. Pour vous équiper, vous aurez plusieurs possibilités à commencer par les objets que vous trouverez dans les différents coffres des zones, ou dans l’antre de certains gros monstres. Après vous aurez les habituels « boutiques » qui vous permettront d’augmenter les statistiques de vos armes, de les enduire de poison, d’y apposer un drain de vie, etc.
Dans Cadence of Hyrule comme dans tous les Zelda, vous récolterez des rubis, ce qui servira justement de monnaie pour tout un tas de choses, dont les fameuses boutiques citées plus haut. Comme nous sommes dans un jeu à composante Rogue-like, vous en gagnerez certes énormément, mais vous pourrez les perdre tout aussi rapidement en cas de mort prématurée. Comme on dit, c’est le jeu ma pauvre Zelda. A l’instar d’un Rogue Legacy, il vous faudra donc faire attention à ne pas vous aventurer dans une zone trop hostile avec 2000 rubis sur vous, au risque de les perdre d’un seul coup. Cependant pas de panique, la mort n’est pas si punitive, et c’est tant mieux. En plus des rubis, seuls des objets spécifiques vous seront retirés en cas de mort, mais vous pourrez bien souvent en récupérer des comparables grâce aux diamants, une autre monnaie que vous récupérer grâce à divers actions, comme par exemple clean l’intégralité d’une zone sans vous faire toucher. Ils vous permettront, avant de retourner en Hyrule après la mort, d’acheter certains objets très utiles auprès d’un PNJ.
Enfin, un mode deux joueurs est disponible pour qui voudrait partager son aventure en duo, avec une jauge de rythme partagée, ce qui n’est pas plus mal, car l’ajout d’un deuxième joueur rendant l’aventure bien plus simple, une barre de rythme séparée aurait encore plus facilité le tout.
Après le très beau voyage que nous a offert Cadence of Hyrule, force est de constater que la fusion entre The Legend of Zelda et Crypt of the NecroDancer a été parfaitement maîtrisée, et que le résultat est plus qu’admirable sur beaucoup de points dont le gameplay, l’OST, et plus simplement, le monde d’Hyrule sous cette forme.
Le plaisir de jeu est resté intact de bout en bout, l’addiction relative au genre était bien présente, et l’originalité du gameplay mérite très sincèrement de s’y intéresser. Malgré tout, aussi beau et aussi bon soit-il, Cadence of Hyrule ne nous aura pas marqué sur l’originalité de ses boss, loin de là, et son manque d’apport réel aux deux univers dont il est issu pourrait faire penser à certains qu’il s’agit plus d’une « skin » The Legend of Zelda qu’autre chose. C’est un peu plus que ça bien entendu, mais dans les grandes lignes, on s’en rapproche tout de même.
Il n’empêche qu’avec les vacances qui arrivent, le soleil, le temps libre et la portabilité de la Switch, Cadence of Hyrule est le candidat idéal pour passer du bon temps, en s’offrant un joli petit voyage au rythme de musiques exceptionnelles.