Si le chauvinisme de notre pays est mondialement reconnu, certaines machinations justifient cet état de fait. Et les premières impressions de Decarnation en font clairement partie. Développé par les Frenchies de Atelier QDB, dont c’est la première itération, le projet annoncé l’an dernier dispose enfin d’une fenêtre de sortie, calée à mai 2023 sur Nintendo Switch et PC. Et si nous vous en parlons aujourd’hui, c’est en raison de sa proposition schizophrénique : à la fois aguichante et malaisante, la première démo aura clairement marqué les esprits, oscillant entre bande-son décalée, colorimétrie parfaitement travaillée et pixel art maîtrisé.
Si le rapprochement visuel avec le très moyen 2Dark de Frédérick Raynal est indéniable, la comparaison s’arrête là. Alors, concrètement, Decarnation, c’est quoi ? Au-delà d’une appellation vraiment étrange, l’aventure se pose comme une expérience narrative teintée de survival-horror avec une pointe d’ésotérisme et de fantasmagorie. Auto-proclamé comme le fruit des inspirations de David Lynch (Eraserhead, Mulholland Drive, Twin Peaks…) et de Satoshi Kon (Perfect Blue, Paprika…), le jeu vous met aux commandes de Gloria, une danseuse de cabaret dont la destinée sera chamboulée suite à une proposition alléchante quoique déconcertante.
Se lever, ô Horror
Une énième conception parmi tant d’autres ? Pas forcément, car en dépit de ses annonces légèrement démesurées sur ses filiations, le premier-né des créateurs nous propose une invitation à un voyage mêlant l’horreur de la vie quotidienne du Paris des années 90 à des traumas relevant de l’inconscient. Ce « ça » nietzschéen qui amènera les théories freudiennes, pour schématiser.
Certes, quelques erreurs d’écriture jonchent le chemin de la mise en bouche du titre, mais bon sang ! Que cette épouvante métaphorique nous inspire ! Nous tenons là une promesse d’une narration complètement démente qui n’hésitera pas à mettre à nu son personnage central, comme le prouve la toute première scène de la démo où Gloria est en costume d’Ève, dans tous les sens du terme puisque sa vie s’acoquine de l’échec. Une comparaison de principe est également envisageable avec le désormais culte The Binding of Isaac même si le gameplay diffère. Point de rogue-lite ici (oui, oui : on insiste !), mais du puzzle-game saupoudré d’exploration et d’action. Un cocktail aussi détonnant qu’étonnant, le tout servi par une direction artistique qui nous promet d’user de sa quintessence pour nous emmener jusque dans les tréfonds de l’âme humaine.
Decarnation : le grand cas barré
Partis avec conviction, le studio et son éditeur nous proposent désormais un nouveau trailer, un poil court et non traduit (à l’inverse de la version d’essai). Il est vrai que c’est un peu chiche ! En outre, rien n’altère notre enthousiasme et notre désir de plonger dans les profondeurs de l’enfer, celui qui se déguise parfois en routine pour une partie de la population.
C’est tout du moins ce que laisse présager l’incipit de Decarnation et il nous tarde de découvrir la générosité macabre de cet essai qui semble bien lancé pour manier avec élégance l’art du contrepoint. Il est évidemment bien trop tôt pour ne plus afficher de retenue ! Cependant, la première forme d’attraction est palpable. Reste à savoir si l’œuvre saura nous subjuguer sur le long terme, le marché indépendant étant déjà surchargé de curiosités ! Mais un aller simple introspectif, ça ne se refuse jamais, non ?
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