La Corée du Sud a définitivement le vent en poupe. Après un Park Chan-Wook au sommet de son art avec Mademoiselle, une surprise inattendue nommée Dernier Train pour Busan du prometteur Sang-ho Yeon et l’énigmatique The Strangers signé Na Hong-jin, le pays d’Asie de l’Est se fait une place certaine sur la scène mondiale du cinéma. Tunnel fait partie de ces films qui n’auraient jamais pu voir le jour en France par le passé. Mais avec le succès des films précédemment cités, les sociétés de distribution osent prendre des risques plus importants, et on ne demande que ça !
Avant de détailler le titre et de donner mon avis personnel, je précise, comme à mon habitude, que cette critique ne comportera aucun spoil assassin.
Film Tunnel : la lumière n’est pas au bout du tunnel
Chérie, ça va couper…
Tunnel nous raconte l’histoire de Lee Jung-soo, père de famille rentrant tranquillement de son déplacement professionnel. Aujourd’hui est un jour spécial car il s’agit de l’anniversaire de sa fille. Au volant de sa voiture, il lui reste plus que quelques kilomètres avant de la retrouver. Il lui a même acheté un gâteau pour l’occasion, détail qui a son importance pour la suite. Malheureusement, un tunnel de montagne s’effondre brutalement lors de son passage. En vie mais bloqué, Lee devra survivre un temps indéfini avant que les secours lui viennent en aide. S’enchaîne alors une course contre la montre où la faim et la soif deviennent son pire cauchemar. À noter qu’il lui reste son portable avec de la batterie et qu’il peut échanger avec le monde extérieur. Voilà tout ce que vous devez savoir quant au synopsis de Tunnel.
Même s’il a une portée sociale non négligeable, Tunnel est avant tout un film catastrophe plaçant le spectateur sur deux fronts bien distincts. D’un côté, nous sommes témoin de la survie de l’accidenté tentant de gérer la situation du mieux qu’il peut. D’un autre, nous avons le monde extérieur se divisant en trois parties : les autorités prenant les mesures nécessaires pour le sauvetage, la presse en quête d’informations croustillantes et sa femme essayant de garder espoir coûte que coûte.
Entre survie et drame
Tunnel réussit à nous enfermer dans cet environnement obscur où l’issu est incertaine. On suffoque, on doute et on survit avec le héros. On se crispe à chaque bruit de pierres roulant susceptibles de provoquer une avalanche mortelle. L’aspect catastrophe du film est ainsi une réelle réussite par sa réalisation irréprochable, le tout servi par un scénario prenant. On pourrait très rapidement pensé que voir un homme enfermé dans sa voiture pendant plus de deux heures pourrait être ennuyant, il n’en est rien. Tout est œuvré pour nous mettre en haleine de bout à bout.
Tunnel pointe également du doigt les médias. Plusieurs fois, les journalistes mettent malgré eux la vie de Lee en danger. Et leur présence envahissante perturbe le sauvetage. Autre critique du long-métrage : le manque d’efficacité des autorités incapables de prendre les bonnes décisions au bon moment. Ces deux entités oublient très rapidement qu’il est question de la vie d’un homme et que le temps joue contre eux. L’affaire devient alors une affaire d’état secouant toute la Corée du Sud. On apprend même que les constructeurs du tunnel en question ont volontairement bâclé leur travail pour gagner du temps de construction. La rentabilité est donc le réel coupable de ce sinistre.
Toutefois, la femme de Lee remet de l’humain dans le processus et nous redonne de l’espoir. Celle-ci s’accroche du mieux qu’elle peut, allant même à cuisiner pour les ouvriers en charge du déblocage de la voie. Véritable vecteur d’émotions, la compagne (jouée par la talentueuse Bae Doona) devient rapidement le phare de Lee, en proie à l’obscurité et au désespoir.
Tunnel prend part sur deux tableaux différents et nous livre une vision à 360° du sauvetage. Jonglant avec deux thématiques fortes, le film offre une expérience inédite au spectateur secoué, indigné mais bien content de retrouver la lumière du jour en sortant du cinéma.