Doucement mais sûrement, l’euphorie insensée provoquée par la sortie du dernier épisode de Star Wars redescend laissant une chance à d’autres films de se révéler auprès du grand public. Telle une tempête de neige, le calme revient sur les fils d’actualité de nos réseaux sociaux préférés. Profitons de ce calme temporaire et de ce contexte enneigé pour se pencher en détail sur le nouveau film du talentueux Quentin Tarantino.
Quentin Tarantino est un réalisateur qu’on ne prend plus le temps de présenter au vu de sa notoriété et de ses nombreuses réussites, l’homme est loin d’être à son premier coup d’essai et n’a définitivement plus rien à prouver. Chacun de ses longs métrages est une aventure cinématographique que l’on se prend en pleine figure. On prendra d’ailleurs plusieurs semaines avant de s’en remettre réellement (voire même jamais dans certains cas). Tant d’éloges envers ce monsieur n’est pas le fruit du hasard, je suis personnellement un véritable admirateur de son travail aussi bien en tant que réalisateur mais aussi en tant que scénariste et producteur. Le plus impressionnant est que Tarantino est avant tout un vrai passionné du cinéma et ça se ressent immédiatement dans ses films. Bref, assez parler de l’homme derrière la caméra, nous sommes là pour parler de son dernier film : Les 8 Salopards, ou Les Huit Enragés pour la version canadienne, The Hateful Eight dans son titre original (avouez que ça a plus de gueule non ?).
Toi qui lis ces lignes, sache en amont qu’aucun spoil ne sera fait. L’objectif de cet article est de donner envie d’aller voir le film, ni plus ni moins.
Les 8 Salopards : Tarantino fait tomber les masques à coup de pistolet
Western sous la neige
État du Wyoming, au lendemain de la guerre de Sécession, la justice peine à opérer sur ces terres désertes. Bandits et autres chasseurs de prime sévissent dans cette région reculée et sauvage. Bravant le temps peu clément, une diligence se rend dans la petite ville de Red Rock. À son bord, John Ruth, vétéran chasseur de prime, et Daisy Domergue, une criminelle qui doit être pendue. Malheureusement, le blizzard gagne du terrain et le convoi doit alors trouver refuge à la mercerie de Minnie. En chemin, ils vont récupérer deux passagers peu commodes. Bloquée par le temps, notre diligence va arriver tout juste à bon port, là où quatre autres étrangers les attendent. Le contexte est installé, Les 8 Salopards est avant tout un huit clos et non un véritable film de Western comme beaucoup le pensent (même s’il en reprend les codes). Il faut ainsi comprendre que la majorité du film se passe dans une cabane, Tarantino opte pour une narration intimiste, limitée mais rudement bien menée. Voilà donc nos 8 salopards enfermés de force. Toute l’intrigue réside dans ce tourment de mensonges et de duperies. Les versions des faits se mélangent au passé des protagonistes pour des dialogues mémorables. Une chose est sûre, Les 8 Salopards ne plaira pas à tout le monde. Le film est assez long, l’action y est une denrée rare et il faut aimer les longs dialogues imbibés de tension et de machiavélisme. Aucun personnage n’est réellement ce qu’il prétend être et tel un jeu d’échecs vivant, chaque pion essayera de prendre parti de la situation au détriment des autres (s’il y a jeu d’échecs en plein milieu de la salle, ce n’est pas un hasard). Finalement, la vérité éclate et les masques tombent un à un. La scène finale est simplement grandiose et explique chaque moment du film, même ceux considérés comme inutiles. Dans une attraction, avant une descente riche en sensation, il faut attendre plus ou moins longtemps que notre wagon prenne de la hauteur. Ici, c’est exactement le même procédé, rien n’est laissé au hasard et la fin est explosive.
Ennio Morricone… enfin !
Tanrantino n’a jamais caché son admiration pour le grand compositeur italien Ennio Morricone. Il a d’ailleurs utilisé plus d’une fois ses morceaux dans ses propres films comme Inglourious Basterds. Morricone n’avait jusqu’ici jamais signé complètement une bande originale d’un Tarantino pour des raisons de disponibilité. De plus, le célèbre compositeur n’avait pas aimé l’utilisation de sa musique dans Django Unchained. Tarantino a dû insister à plusieurs reprises pour qu’il accepte de composer la bande originale de son prochain film. Cette obstination a porté ses fruits, le résultat est saisissant et colle parfaitement à l’ambiance du film mais écoutez plutôt par vous-même :
Les 8 Salopards : à voir de toute urgence !
Vous l’aurez compris au fil de l’article, Les 8 Salopards est une pure réussite. Tarantino signe un film intelligemment construit par chapitre et qui ne laisse aucun personnage sur le banc de touche. Tout est calculé pour nous propulser dans un huis clos tendu et sanglant, le tout avec un final spectaculaire. Oubliez Star Wars et foncez le voir, une vraie leçon de cinéma vous attend. On ne peut que saluer l’acharnement et la passion de Tarantino qui a su sortir ce film malgré le coup de couteau dans le dos en amont. En effet, le script avait fuité sur le net laissant le réalisateur au bord de l’abandon du projet. Il a quand même persévéré et sorti son film, une véritable revanche !
L’avis de City
Tout comme mon camarade, je suis un très bon client du cinéma de Tarantino, Pulp Fiction constituant mon film culte aujourd’hui encore. Je ne pouvais donc que me précipiter sur Les 8 Salopards, et je n’ai bien évidemment pas été déçu un seul instant. Un casting impeccable, une bande-son léchée comme évoqué plus haut, et ces dialogues… Les quelques reproches adressés à ce film par ses détracteurs concernent la longueur du film et l’omniprésence des dialogues, mais on le sait : quand on va voir un Tarantino, il ne faut pas avoir peur de se retrouver avec des discours longs et travaillés, et c’est d’ailleurs en grande partie ce qui fait tout le charme de ses films à mes yeux. Donc là, forcément, j’ai été servi. Pour conclure, je dois faire partie des 4 personnes au monde à ne pas encore avoir vu Star Wars, mais je ne suis pas impatient concernant ce film, même si j’ai l’impression qu’il me plaira ; par contre, le nouveau Tarantino, je ne pouvais pas passer à côté, et c’est un chef-d’oeuvre…
NB : je ne suis pas toujours un défenseur implacable de la VO par rapport à la VF, au cinéma, mais pour avoir vu Les 8 Salopards dans les deux versions, je peux vous dire qu’il est primordial de voir ce film en VO. Non que la VF soit mauvaise, mais la voix originale de Samuel Jackson dans le film impose à elle seule le visionnage en anglais.