Wii U et Unreal Engine 4 : Epic Games n’a pas dit non…

Dès l’apparition d’une rumeur -fondée ou non- alimentant une forme de pensée négative à  l’égard de la Wii U, tout le monde s’empresse de crier au scandale en relayant avec plaisir une information, aussi fragile soit-elle. Les récentes rumeurs relatives à  l’Unreal Engine 4 en sont le parfait exemple, ce dernier étant supposé trop puissant pour tourner sur console Wii U.

Oui mais voilà , après contact avec les intéressés, à  savoir Epic Games, ces derniers indiquent que rien de la sorte n’a été confirmé pour l’heure, l’identité des consoles concernées par le portage de l’Unreal 4 n’ayant pas encore été révélée…Clairement, il faudra attendre l’E3 pour en savoir plus sur le sujet, les spécificités de la Wii U et de ses rivales étant toujours confidentielles pour le moment. Voilà  en tout cas une excellente occasion de remettre les pendules à  l’heure…

Une console peut-elle survivre sans l’Unreal 4 ? Oui que diable !

Car même si tout cela se confirmait, il reste assez étrange d’entendre de nombreuses voix s’indigner sur les capacités potentiellement plus limitées de la Wii U, à  l’heure où l’escalade de la technologie fait particulièrement mal aux bourses des joueurs. C’est à  croire qu’il faudrait que chacun des trois fabricants de consoles produisent systématiquement des hardwares identiques, phénomène qui précipiterait automatiquement l’un d’eux dans le gouffre, le marché n’étant pas suffisamment ouvert pour cela. Une idée quelque peu élitiste et pour le moins dérangeante…

En effet, selon l’un de nos collègues britannique que nous ne citerons pas, l’incompatibilité de la Wii U avec l’Unreal 4 porterait une estocade à  la politique de la firme de Kyoto en termes de support d’éditeurs tiers. Etrange parallèle, le support des éditeurs étant avant tout lié aux efforts faits par les constructeurs pour leur venir en aide pendant le développement de leurs jeux, et sur leur capacité à  assumer une partie de la promotion de ces soft afin de leur offrir un seuil de rentabilité tolérable. C’est en tout cas sur ces deux points que Nintendo s’est fourvoyé avec la Wii et non sur le strict plan technique. Certains ne semblent pas avoir compris qu’aujourd’hui, le marché se divise en deux parties bien distinctes.

D’un côté, nous avons Sony et Microsoft, toujours à  la pointe de la technologie et moins regardants sur les tarifs publics de leurs jeux et consoles, deux gigantesques entreprises capables de compenser les pertes occasionnées par un lancement de hardware non rentable. Une politique clairement plus coûteuse pour les gamers, mais permettant aussi d’offrir des productions aux graphismes exceptionnels rivalisant quelque fois avec les meilleures productions PC. Ce regain de puissance a également le mérite d’offrir des parties en ligne de grande qualité, tant côté animation que contenu.

De l’autre, nous avons une entreprise plus « familiale » (toutes proportions gardées), spécialiste exclusive de jeux vidéo, dont la vocation première demeure de divertir à  prix raisonnable, tout en offrant des expériences inédites en termes de gameplay, si possible en touchant le plus grand nombre de joueurs. Bien sûr, le revers de la médaille se situe au niveau des capacités intrinsèques des hardwares de Big N (Wii, 3DS), logiquement moins puissants. Des paramètres ne laissant guerre le droit à  l’erreur, Nintendo jouant sa tête à  chaque sortie d’une nouvelle console. L’on a d’ailleurs pu constater à  quel point le lancement en demi-teinte de la 3DS avait eu des conséquences désastreuses chez Nintendo, qui ne pourra assumer un second échec successif compte tenu de l’impressionnant rabais consenti pour rebooster les ventes de la console 3D. Toutefois, le soutien massif des tiers à  l’égard de la 3DS (à  comparer aux difficultés rencontrées par Sony et sa pourtant plus puissante PS Vita) confirme que Nintendo a fait les bons choix.

Partisan de l’une ou l’autre école, le fait est que ces deux approches ont leur place dans l’industrie, car permettant de donner le choix aux joueurs. Il ne faut pas oublier que la présence d’un constructeur moins axé sur la haute technologie obligera toujours les deux autres à  limiter plus ou moins leurs tarifs et à  baisser régulièrement leurs prix, comme cela a déjà  été le cas avec la génération actuelle de consoles. De nombreux joueurs sont ainsi passés de la Wii à  la PS3 ou à  la 360 après une baisse de prix rendant ces deux dernières plus accessibles. Et clairement, le succès important de la Wii dans les charts a grandement joué à  ce niveau…Au final, tout le monde s’y est donc retrouvé.

Nintendo : une approche à  part mais bienvenue

Car la Wii, aussi critiquée soit-elle, a ouvert une brèche (le motion controler) dans laquelle se sont ensuite engouffrés Sony et Microsoft avec la réussite qui s’en est suivie. Et il est quasi certain que les fonctionnalités originales de la Wii U auront le même impact sur la concurrence, Nintendo ayant toujours conservé son rôle de «  meneur   » en termes d’avancées propres au gameplay (consoles avec 4 ports de jeux, stick analogique, écran tactile, 3D sans lunettes, etc…).

Par ailleurs, l’engouement actuel des éditeurs envers la manette Wii U (engouement très supérieur à  celui connu par la Wii à  l’époque, dans le même contexte) confirme que cette politique pourrait porter ses fruits, d’autant que le coût de production d’un titre Wii U restera raisonnable, aspect particulièrement important en cette période économique extrêmement compliquée pour de nombreux studios.

Au final, Unreal Engine 4 ou pas, rien ne s’oppose à  ce que la prochaine console next-gen de Nintendo réussisse son pari car, quelle que soit sa puissance, l’ensemble des gamers pourront profiter d’une console H.D au gameplay inimitable, à  un tarif abordable et près d’un an avant que ne sortent les autres machines. Des paramètres auxquelles sont déjà  sensibles la plupart des éditeurs.  Surtout, peut-on affirmer que 100% des joueurs sont en demande d’un FPS ou autre tournant via l’Unreal Engine 4 ? Non bien sûr, car de nombreux autres paramètres primeront toujours (créativité des développeurs, scénario, gameplay, bande son,etc…). Et puis pour ceux souhaitant réellement disposer des dernières technologies, seul un PC sur-vitaminé saura les satisfaire, là  ou le coeur d’une console restera figé sans possibilités d’évolution.

Sans vouloir prendre parti et en toute objectivité, il nous semble évident que la Wii U a de véritables atouts pour rivaliser avec ses concurrentes indirectes dans les charts, tout en refusant d’entrer dans le jeu de l’escalade des coûts. Tout le monde devrait d’ailleurs se réjouir de cette politique plus «  sage   » assurant les emplois de nombreux employés de l’industrie vidéoludique (studios, éditeurs, mais aussi journalistes  !), ainsi qu’une forme de sérénité.