Après presque 5 ans d’absence, l’héroïne de toute une génération de gamers revient dans une version de Tomb Raider résolument plus sombre et mature. Le retour de Lara Croft dans le second opus signé Crystal Dynamics (si l’on met Guardian of Light de côté) est-il digne de l’engouement suscité par le titre ? Réponse dans le test de la version PS3.
Test de Tomb Raider sur PlayStation 3
Tomb Raider’s story
L’art du jeu vidéo a beau exister depuis près de 40 ans, il n’y a finalement pas beaucoup de personnages vidéo-ludiques qui ont réussi à marquer notre culture générale et obtenir un véritable statut de culte. Il y a très certainement le Mario de Nintendo, sans doute le héros le plus emblématique du 10ème art. Il y a peut-être son grand rival Sonic, le hérisson bleu disparu avec Sega. Et puis il y a Lara Croft, dont la popularité a été largement amplifiée grâce à son incarnation par la pulpeuse Angelina Jolie au cinéma.
Car il faut bien comprendre qu’Eidos, le studio à l’origine de la saga Tomb Raider, a réussi à créer en 1996 le premier personnage à faire fantasmer les joueurs (encore très majoritairement masculins à l’époque). Franchement qui a eu envie à un moment de s’identifier à un plombier poilu légèrement bedonnant ? Mario est mythique, certes, mais Lara fait rêver.
Malgré un succès retentissant à ses débuts la série a fini par sombrer petit à petit, se reposant sans doute un peu trop sur ses lauriers, et les joueurs à perdre leur intérêt pour la belle aventurière. En 2006, 20 ans après le début de l’aventure, Crystal Dynamics rachète la licence pour sortir deux ans plus tard le très correct Tomb Raider: Underwerlord, avec ses jolis graphismes et son gameplay classique remis au goût du jour. Pourtant le succès commercial du jeu n’est pas au rendez-vous, et encore plus loin des 6 à 8 millions d’unités vendues par les 3 premiers épisodes. C’est ce qui pousse alors le studio américain à laisser tomber la chirurgie esthétique pour passer à l’électrochoc: un reboot complet de la licence. On remet tout à plat et on repart de presque zéro. Parce que finalement, à part son nom, la Lara Croft de 2013 n’a plus grand chose à voir avec le fantasme de nos années ‘90.

T.R. comme… Tabula Rasa
Adieu bimbo en tenues affriolantes qui se la pète un peu, bonjour jeune fille frêle et paumée (enfin, surtout au début de l’aventure). Dans Tomb Raider, le joueur part à la découverte des balbutiements de Lara en matière d’aventure. Plantons brièvement le décor: Lara Croft, jeune étudiante de 21 ans, s’échoue avec l’équipage de son navire de chercheurs sur un île à la météo pour le moins bizarre, et va tenter de survivre aux dangers de l’archipel et d’en percer ses secrets.
Le jeu débute par quelques séquences cinématographiques plutôt orientées horror et entrecoupées de QTE ( boutons à presser sur l’écran) avant de lâcher notre petite Lara dans la nature et entrer dans le vif du sujet. Elle devra entre autres trouver de quoi se nourrir, un abri pour échapper aux tempêtes ainsi que ses premières armes et outils. Un petit côté survival qui ne dure guère, puisqu’au fil des minutes le jeu prend une direction plus “Tomb Raider Classic” pour finir, dans le dernier tiers , clairement en cover shooter. Nathan Drake est passé par là.
Un choix assumé par le studio, mais qui prend un peu à contre-pied son pari initial. En quelques heures, on passe de la chasse au cerf et la cueillettes de baies à la l’assaut d’un monastère tenu par un obscur culte. Si l’action généralement plutôt bien dosée, on ne peut en revanche s’empêcher de critiquer la totale absence d’énigmes un peu plus complexes et le rythme abrupt entre les phases d’escalade/exploration et celles de baston à la John Woo. Ce qu’on ne retrouve vraiment plus du tout, ce sont ces moments quand le joueur se retrouve dans un immense temple Maya et doit se remuer les méninges pour en trouver la sortie sans tomber dans les dizaines de pièges perfides parsemés ici et là. En fait, il n’y a plus aucun puzzle “à grande échelle”. Certes, il existe parsemées ici et là des “tombes”, optionnelles, au bout desquelles il y a un objet sympa à trouver. Mais elles sont ridiculement petites (une seule salle !), avec un système finalement relativement simple à trouver à chaque fois. Faute d’espace, les possibilités finissent par être évidentes.
Pour le reste des magnifiques niveaux de l’île, entre lesquels on peut d’ailleurs se promener à sa guise, il faut reconnaître qu’ils ont été vraiment très bien conçus. Ainsi, une longue escalade de falaise sera plus tard esquivable grâce à un ingénieux système de cordages et d’équipement placé aux bons endroits. Sans vouloir trop spoiler, les décors sont finalement assez variés malgré le fait que scénaristiquement Lara soit coincée sur un îlot de 15 km², là où elle voyage d’habitude aux quatre coins du monde.

Croft of War
Une des grandes nouveauté de cette mouture, c’est le côté progression du personnage et upgrade d’armes, très à la mode ces dernières années. Si l’évolution des compétences reste finalement assez secondaire, celle des armes est en revanche cruciale. Au risque de parfois friser le ridicule. Passe encore que Lara fasse évoluer une mitraillette japonaise de la seconde Guerre Mondiale en fusil d’assaut type Kalachnikov avec lance grenade incorporé. Mais que son pauvre arc en bambou finisse en arme de compétition olympique avec contre-poids et système d’aide à la visée, là, on a quand même envie de dire “Allô quoi” (ndlr : Lara et Nabila, même combat ?). Ah oui, et il tire des flèches explosives et au napalm aussi. On ne sait pas qui de MacGyver ou de Prophet (Crysis 3) serait le plus jaloux.
Mais c’est surtout Lara et son évolution au cours de l’aventure qui finalement raccorde cet épisode aux précédents, même si la transition d’une jeune fille apeurée en tueuse redoutable semble pour le moins abrupte. On se demande quand-même ce que viennent faire des succès comme “du sang sur les mains” qui récompense 75 coups de grâce type “j’te plante mon pic d’escalade dans le haut du crâne pendant un ralenti” dans un Tomb Raider. Il en va de même pour le mode multijoueurs dont la présence ressemble plus à du « pour faire comme les copains » qu’une réponse à une réelle nécessité. Et que dire des centaines d’objets cachés qui n’ont, pour la majorité, pas d’autre intérêt que celui d’assouvir les pulsions des collectionneurs de succès maladifs…

Conclusion Tomb Raider
Au final Crystal Dynamics nous sert un jeu qui mélange parfois maladroitement action, shooter, survival horror, un peu d’infiltration et quelques éléments de jeu de rôle pour un résultat loin d’être déplaisant. Mais à force de vouloir aller dans la même direction que tout le monde, Lara s’est un peu perdue en route. Pour l’électrochoc en tout cas, c’est réussi. Pour un “Tomb Raider”, c’est plus dur à dire. Si le cœur vous en dit, vous pourrez retrouver des tas d’informations sur la belle Lara et ses dernières aventures en vous rendant sur le site officiel du jeu.
Retrouvez notre test de Tomb Raider : Définitive Edition sur PlayStation 4 !