Attendu depuis déjà de pas mal de mois par de nombreux joueurs, Dishonored a finalement atterri sur nos consoles de salon. En nette rupture avec les codes habituels du FPS, cette production de Bethesda Softworks semble en imposer par l’ambiance et le gameplay uniques qui la caractérisent. Un univers particulièrement sombre, voire franchement glauque, des histoires de conspiration, des meurtres et le déshonneur d’un homme, voilà autant d’éléments qui composent le « soft ». Que l’on soit un enragé de la gâchette où un subtil aficionado des coups de couteau assénés dans le dos d’un ennemi inconscient du danger, Dishonored propose un vaste programme. Mais cette volonté de se distinguer des autres jeux qui occupent le marché suffit-elle à faire du « soft » une réussite totale?
Trêve de suspense, l’heure du jugement a sonné!
Test de Dishonored sur PlayStation 3
Maître Corvo, sur sa ville perché…
L’histoire du « soft », aussi cruelle soit-elle, est peut-être l’un des moteurs les plus puissants de sa réussite. En effet, distiller avec une telle maîtrise quelque chose d’aussi complexe que l’angoisse et le macabre relève d’un talent véritable. Sorte de miroir atrocement déformé d’une société industrielle en plein mal du siècle, Dishonored rassemble sous son égide tout ce que le genre humain peut porter en son sein. De l’héroïsme aux pires bassesses dont puissent faire preuve les hommes, on peut réellement dire que le jeu pousse assez dans loin dans l’exploration du bien et du mal. Ainsi, les choses commencent de manière peu réjouissante. Corvo, protecteur de la reine (et plus si affinités?), revient dans la ville de Dunwall, capitale de Gristol, après de long mois d’absence passés à rechercher un remède contre la peste qui n’a de cesse de s’étendre. Car le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Gristol. Ainsi, peu de temps après son arrivée, Corvo assiste en effet impuissant à l’assassinat de l’impératrice et à l’enlèvement de sa fille, Emily. Pour le héros, accusé injustement du crime, l’heure de la disgrâce a sonné…
Ainsi, c’est seulement après être tombé sous le coup d’une fausse accusation, que le personnage va découvrir l’ampleur du mal qui s’étend sur la ville de Dunwall. Ourdi par quelques personnages hauts placés, la conspiration qui a mené à la disparition de l’impératrice est véritablement l’élément déclencheur de l’intrigue. Après l’intervention de mystérieux amis, Corvo parvient heureusement à s’échapper du bagne de Coldridge où il est emprisonné. S’engagent alors les aventures… Si les bases du scénario ne rendent pas l’histoire de Dishonored particulièrement originale, les lieux et l’ambiance qui la composent font toutefois clairement la différence. Grâce aux pouvoirs surnaturels que l’outsider lui offre après son évasion, Corvo est effet capable de bien des prouesses. Cet être mystérieux à qui l’on voue un culte illégal à travers le royaume est en effet le détenteur d’une puissance qu’il n’accorde qu’à certains de ces disciples.
Durant un rêve, Corvo va ainsi hériter de sa marque , un curieux symbole gravé sur sa main gauche qui lui donne une capacité, certainement la plus utilisée du jeu, le clignement. Il lui sera alors possible de se téléporter sur une courte distance afin d’atteindre les lieux qui paraissent les plus inaccessibles. Car la grande force de Dishonored est de laisser libre court au joueur. En effet, presque aucune partie de l’environnement ne sert de pur décor! Concrètement, cela signifie que Corvo est capable de se rendre un peu partout en escaladant les murs, ou même en utilisant le clignement. Quel intérêt me direz-vous? Eh bien au-delà du plaisir de l’exploration, le « soft » est truffé d’objets à collecter. Qu’il s’agisse de minerais à revendre au marché noir, de pièces de monnaie, d’élixirs de santé ou de mana en passant par de nombreuse notes et extraits de lettres, il n’y a clairement pas de quoi s’ennuyer. D’autant que l’approche peut se faire bien des manières différentes. En effet, Dishonored entend clairement faire de Corvo le reflet de la personnalité du joueur. Aucun choix ou presque n’est imposé, avancer dans l’ombre sans nuire aux gardes, ou déchaîner sa haine sur eux, tout est possible, et plus encore!
Clémence ou barbarie ?
L’équipement du héros reflète à ce propos assez bien l’orientation des développeurs des studios Arkane. Corvo possède un grand nombre d’arme létales, comme un pistolet ou une arbalète à carreaux normaux ou enflammés qu’il tient dans sa main gauche, ou encore une épée dans la main droite. Toutefois, la puissance de ces outils ne rend pourtant pas le joueur invulnérable. En effet, contrairement à la tendance actuelle des FPS, la santé du personnage ne se régénère pas seule, et il faudra de plus user avec parcimonie de ses munitions. Ainsi, bien qu’il soit tentant de faire un carnage, force est de constater que le « soft » n’encourage pas forcément cette voie, même si elle reste évidemment ouverte. Une approche subtile est donc le plus souvent adaptée, d’autant plus qu’un bilan est fait à chaque fin de mission. La discrétion et le nombre de mort influencent en effet la notion de chaos, ce qui décidera non seulement de la fin du jeu mais en modifiera également l’expérience. Semer la mort est ainsi l’assurance d’un grand chaos qui se soldera par une recrudescence de pestiférés, des ennemis particulièrement effrayants auxquels il faudra par la suite être confronté… À côté d’un équipement conçu pour donner la mort et entièrement améliorable (plus de munitions à transporter, meilleure précision, etc) Dishonored confère également au héros des capacités qui permettent de neutraliser ses adversaires, ou même de les fuir. Voici donc l’occasion de reparler plus en détails des différents pouvoirs de Corvo. Ainsi, en plus de la téléportation, ce dernier peut également faire l’acquisition d’autres capacités, qui ont chacune un coût différent, en corrélation directe avec leur puissance.
Pour ce faire, il s’agira de récupérer les runes éparpillées un peu partout dans la ville à l’aide du cœur, un objet façonné de toutes pièces par l’Outsider. Grâce au cœur donc, l’emplacement des runes sera indiqué, permettant de cette façon au joueur de les échanger contre plus de capacités. Parmi les pouvoirs les plus notables, on relèvera la possibilité de faire apparaître une nuée de rats. Réjouissant, surtout lorsque l’on sait que les rongeurs du royaume sont capable de dévorer un être humain en une poignée de secondes… âmes sensibles s’abstenir! Mais ce n’est pas tout, puisque Corvo pourra également bénéficier de la vision des ténèbres, grâce à laquelle le joueur détectera les ennemis à travers les murs ou dans l’obscurité. Pour revenir aux sorts les plus puissants, ceux dont l’usage consommera le plus de mana, il sera également possible de ralentir le temps, ou même de le figer un court instant, sachant que chaque pouvoir est upgradable une fois (le coup augmente en runes au niveau 2). Il sera aussi possible de posséder des animaux puis des humains afin d’accéder à certains endroits. Bref, que ces sorts soient mortels ou non, tous peuvent s’utiliser afin de poursuivre plusieurs desseins y compris l’infiltration : figer le temps pour contourner un garde en poste, se téléporter derrière un ennemi pour l’étourdir ou encore posséder un rat pour échapper aux regards indiscrets, la liste est aussi longue que les possibilités sont multiples. À côté de ça, des charmes d’os, repérables grâce au cœur, permettront une fois collectés de bénéficier de petits avantages, comme la faculté de déplacer un garde assommé plus rapidement ou celle de voir sa jauge de mana plus vite régénérée.
Bref, autant le dire, se frayer un chemin dans les rues de Dunwall est un pur plaisir. Surtout lorsque l’on constate qu’en dépit d’un moteur graphique daté, la réalisation générale du titre lui confère un charme plus que certain. Bien sûr, l’ambiance, nous le disions, est oppressante. Ainsi, le cœur, objet capable de révéler l’emplacement des runes, peut également lire au fond des êtres, révélant parfois la noirceur la plus innommable de l’humanité. Mais c’est bien ici toute l’âme de Dishonored, qui nous plonge dans un monde sans pitié, où l’apprêté de la violence se heurte de plein fouet à l’intériorité du joueur. Le résultat peut déranger. Très violent, le « soft » glisse parfois dans une surenchère de macabre qui n’était peut-être pas nécessaire, d’autant que les effets sonore et les grincements de cordes qui habillent discrètement certaines séquences contribuent à accentuer cette ambiance parfois malsaine.
Dunwall, quand tu nous tiens
Dishonored n’a pas de semblable. C’est un jeu qui allie avec une efficacité redoutable le double concept de puissance et de discrétion. Tout est fait pour insuffler un charme à l’univers de Dunwall, pour pousser le joueur à explorer les moindres recoins de la ville dans l’espoir de trouver de quoi restaurer son énergie ou bien de tomber sur une lettre, vestige pathétique d’une famille condamnée par la peste mais, en somme véritable preuve de l’âme qui habite le jeu. Les pouvoirs sont originaux et impliquent autant de réflexion que d’action, un subtil mélange qui caractérise ce titre. Reste cependant une ambiance dont la noirceur est parfois poussée jusqu’aux limites du raisonnable. L’aventure en vaut cependant le détour, vraiment. Vous pouvez aussi faire le plein de news sur Dishonored en visitant le site officiel du jeu.
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