Vous aimez les chats ? Non ? Les chiens peut-être ? Non plus ? Les moutons alors ? Oui ? Et bien vous allez être servi. Catherine fait certainement partie de ces jeux un peu inclassables, que l’on va détester ou adorer mais qui, qu’elle que soit le verdict, ne laissera pas indifférent. Qu’on le sache d’emblée, plutôt orienté adulte Catherine n’est pas à mettre entre toutes les mains. En cause ne sont pas les quelques scènes sexy du jeu qui ne choqueront personne, les développeurs ayant pudiquement réglé l’angle des caméras. Au-delà de la forme, le scénario se construit autour de la crise de la trentaine que traverse Vincent, l’antihéros du jeu, un thème qui risque de ne pas faire mouche auprès d’un public trop jeune.
Test de Catherine sur Playstation 3
La nuit tous les moutons sont gris
En couple depuis plusieurs années avec la très sérieuse (et non moins ravissante) Katherine, le jeune programmeur se sent acculé lorsque celle-ci se met à parler de mariage et d’enfants. Adepte de l’immobilisme sentimental (« mais chérie, on est pas bien comme on est ? ») et incapable de tout pouvoir décisionnel, Vincent préfère noyer ses angoisses au fond d’un verre d’alcool dans son rade favori, le « Stray Sheep » (mouton égaré). Au summum de sa vulnérabilité il fait connaissance avec la belle Catherine qui ne cache pas son attirance pour lui, et avant qu’il n’ait le temps de réaliser ce qu’il lui arrive il se réveille le lendemain à ses côtés. Ses ennuis ne font que commencer…
Si la vie éveillée de Vincent n’est déjà pas facile, sa vie nocturne est un véritable cauchemar. Chaque nuit il se retrouve en compagnie d’autres moutons pour escalader un mur composé de centaines de cubes avant que ceux-ci, régis par une minuterie démoniaque, ne tombent dans le vide entraînant avec eux tout retardataire. C’est la phase active du jeu, une sorte de Tetris inversé où il faudra rapidement bouger les blocs pour se créer un chemin vers le haut. Très vite les murs deviennent de plus en plus complexes à escalader, et pour corser le tout Vincent devra parfaitement maîtriser les différentes propriétés des blocs (glissants, explosifs, inamovibles etc.) s’il ne veut pas finir en viande pour kebab. Heureusement le jeu propose des checkpoints réguliers permettant de ne pas recommencer le niveau depuis le début, ainsi qu’une touche permettant de revenir en arrière d’une action si on a fait l’erreur de placer un bloc au mauvais endroit.
Vincent n’est d’ailleurs pas le seul dans ses cauchemars, il pourra compter sur la légendaire fraternité inter-moutons lors de petits répits entre deux phases d’escalade, qui se concrétise par l’apprentissage de nouvelles techniques d’escalade ou l’achat de rares objets, que l’on trouve aussi éparpillés dans les différents niveaux. Mais ce n’est pas fini, à la fin de chaque cauchemar Vincent devra affronter une matérialisation physique de ses angoisses qui fera tout son possible pour empaler, découper, ou écraser le malheureux grimpeur…

Une vie de mouton
Finir un niveau autorise Vincent à se réveiller le lendemain et de s’attaquer à la vraie vie qui n’est guère plus tendre avec lui. Ici pas de blocs à pousser, le jeu alterne cinématiques et phases à la Heavy Rain version manga où il faudra gérer l’enthousiasme de Catherine et les soupçons de Katherine. Si on est content de pouvoir se reposer un petit peu, il faudra tout de même interagir avec un maximum de personnes dans le Stray Sheep pour décortiquer peu à peu un scénario torturé.
C’est indéniablement aussi la partie la moins réussie du jeu. Les dialogues avec les trois amis de Vincent sont plutôt mous, et malgré quelques petits éléments sympa comme l’interaction avec le téléphone portable ou la borne d’arcade, on s’ennuie vite à tourner en rond. En fonction des réponses de Vincent dans les conversations, une mystérieuse jauge bicolore apparaît et fait pencher le curseur du côté bleu ou rouge, sans que l’on sache vraiment à quoi correspond quelle couleur. Une mécanique empruntée à certains jeux de rôles, et qui aura une influence directe sur le dénouement de l’histoire.
Catherine est un jeu vraiment sympathique qui n’exploite malheureusement pas son potentiel à fond. On aurait aimé que les phases sociales soient un peu plus animées et les décors plus variés. L’alternance du rythme entre les cauchemars et les phases éveillées pourrait bien lasser quelques joueurs découragés par la difficulté croissante des niveaux. A côté de cela, il regorge de petits détails dont les gamers les plus attentifs se délecteront. La durée de vie n’est pas exceptionnelle, une quinzaine d’heures suffiront pour venir à bout de l’intrigue. Une fois fini, on débloque le mode Colisée qui permet à deux joueurs de s’affronter sur une partie d’escalade, tandis que les plus assidus pourront toujours recommencer le jeu et tenter de débloquer une fin alternative.

Une fois de plus Atlus, l’éditeur qui nous avait offert Demon’s Souls et Dark Souls, a fait le pari gagnant de sortir des sentiers battus. Certes, Catherine est nettement moins exceptionnel que les deux titres précédemment cités, il n’en reste pas moins un jeu original et plutôt bien ficelé. Pour plus d’informations, ou pour vous procurer votre version de Catherine, disponible sur Playstation 3 ou sur XBox 360, direction le site officiel.