Le nom de Age of Wonders ne fera titiller l’oreille qu’aux plus vieux d’entre-vous. En effet, la franchise de Triumph Studio n’avait plus donné signe de vie depuis maintenant onze ans. A l’époque, la série se présentait comme une alternative au mastodonte Heroes of Might and Magic. Ainsi, quand Triumph Studio a annoncé en 2012 que que la licence allait bientôt sortir de sa torpeur, avant de préciser un an plus tard, que Notch (le créateur de Minecraft) les avait en partie financé, ça a éveillé la curiosité de pas mal de monde.
Test de Age of Wonders 3 sur PC
Parlons d’abord du contenu
Cœur des jeux de stratégie pour certains, simple tutoriels pour d’autres, il est logique de commencer par là, ou les, campagne(s) proposée(s) lorsqu’on débute dans un titre du genre. Dans le cas de Age of Wonders 3, deux campagnes nous sont proposées : une du côté des humains, qui travaillent pour la paix et l’harmonie en intégrant les peuples à leur empire, et l’autre du côté des elfes qui se battent pour la liberté en massacrant ceux qui ne partagent pas leur haine pour les humains. Le scénario nous est compté via le « livre des merveilles » ou des journaux intimes, qui nous présentent tour à tour chacune des factions comme représentant le bien ou le mal. En réalité, on finira bien vite par sauter ces passages narratifs, tant on finit très rapidement par uniquement occuper ou raser des villes. D’autant plus que le scénario limite drastiquement nos possibilités. De plus, les aboutissements des deux campagnes sont finalement assez similaires, ce qui donne l’impression de refaire le jeu deux fois, simplement avec deux races différentes.
Les habitués du genre ne prendront même pas la peine de finir cette campagne, tant le scénario n’est pas passionnant et les personnages finalement assez caricaturaux. Ils préféreront donc se jeter directement là où Age of Wonders 3 a le plus à nous offrir : les cartes aléatoires ou scénarisées. Les options de personnalisation des cartes aléatoires sont profondes, et nous laissent créer un nombre virtuellement infinis d’escarmouches. Quant aux cartes scénarisées, elles sont étrangement plus intéressantes à jouer que la campagne, sans toutefois atteindre leur durée de vie.
L’enfant de Civilization et de Heroes of Might of Magic
Age of Wonders 3 se présente comme un mélange de 4X, pour eXploration, eXpansion, eXploitation et eXtermination, et de Heroes. Si la facette inspirée de ce dernier est connue des joueurs de la franchise Age of Wonders, l’influence de Civilization est nouvelle, et ça se sent au niveau du gameplay. En effet, la construction des villes, ainsi que l’aboutissement des recherches scientifiques manquent de profondeur, voir de contenu. Ainsi, un habitué de la franchise de Sid Mieir va très vite s’ennuyer à ce niveau, d’autant plus que le jeu de stratégie proposait différents types de victoire là où Age of Wonders en propose une seule : la militaire. C’est donc dans la guerre que se trouve l’intérêt de ce titre. Si les premières phases de chaque parties (exploration et expansion) sont parfois redondantes, le jeu devient bien plus intéressant une fois qu’on rentre dans le vif du sujet. On résout premières batailles contre brigands ou autres indépendants automatiquement, par paresse, ce ne sera pas le cas contre vos vrais adversaires (ou je vous le déconseille). En combat, la vue aérienne de la carte hexagonale disparaît au profit d’un champ de bataille, lui-même hexagonal. Sur ce terrain, notre escouade, d’un maximum de 6 unités, va donc livrer un combat où les déplacements auront autant d’importance que les coups portés. En effet, la carte est parfois jonchée de débris, utile pour éviter les flèches des archers ennemis et prendre vos adversaires en tenaille ou par derrière leur infligera plus de dégâts, et rendra leur riposte moins puissante. Ainsi, une armée faiblarde pourra très bien venir à bout de guerriers expérimentés, si leur général manque d’expérience. De plus, les batailles ne se limitent pas forcément à un hexagone sur la carte aérienne mais s’étend aux 6 hexagones adjacents. Ainsi, jusqu’à 7 armées peuvent intervenir lors d’un conflit, rendant la chose tactique à la fois pendant la bataille, mais encore plus avant.
Si les batailles sont inspirées par Heroes, il en est de même pour la personnalisation de notre héros. En effet, il est possible d’améliorer certaines capacités de celui-ci, mais aussi de le créer librement, parmi 6 classes ainsi que 6 races. Si les classes offrent véritablement un changement important dans la résolution des batailles, le choix de la race est plus cosmétique, sachant que les statistiques ou les capacités ne différent pas réellement. Selon la classe choisie, il sera ainsi possible à notre héros de noyer notre adversaire sous un flot de créatures constant, construire des villes fortifiées ou simplement grandement améliorer ses soldats.
Seuls les morts ont vu la fin de la guerre
Une fois les arbres de compétences de notre héros remplis et les villes terminées, le seul choix qui nous reste est de taper sur nos voisins. Mais pourquoi ne pas créer des alliances afin de mieux taper notre adversaires me direz-vous ? Et bien simplement parce que les choix en diplomatie se limitent à guerre ou paix. C’est regrettable sachant que la plupart des autres 4X permettent une relation un peu plus profonde avec nos adversaires ou alliés.
C’est bien là le principal défaut de Age of Wonders 3, la diplomatie est quasiment inexistante. La plupart de vos parties consisteront donc à explorer et construire pendant une ou deux heures, avant d’aller titiller les frontières de vos voisins. Si le système de combat véritablement tactique comble en grande partie cette lacune, le nombre limité d’unités (une dizaine par race) finit par nous contraindre à toujours envoyer les mêmes bataillons s’écraser sur fortifications ennemies. Les parties finiront donc à ressembler à une guerre générale, tant l’argent coule rapidement à flot et qu’une ville prise n’est pas un problème tant qu’on en prend une autre.
Conclusion Age of Wonders 3
J’ai eu beaucoup de mal à me faire un avis sur Age of Wonders 3. j’ai, en effet, apprécié l’importance de la classe de notre héros et la gestion de son arbre de compétence, ainsi que la profondeur que prennent rapidement les affrontements. Toutefois, le manque d’intérêt sur le long terme de la construction de nos villes, ou de la gestion de l’arbre de recherche repousse l’amateur de jeu de gestion que je suis. Le titre sera parfait pour les guerriers, mais aura de sérieuses lacunes pour les trésoriers ou les scientifiques.